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Je propose dans la catégorie : spiritualité
Pièce jointe: Introduction generale a Un Cours en Miracles.doc
annonce déposée le : 15-10-2008
Par : avi
Introduction générale à "Un Cours En Miracles"
Bonjour,

Voici une présentation par KENNETH WAPNICK du célèbre livre "Un Cours en Miracles", dicté pendant 9 ans par Jeshua il y a environ 40 ans.


"Ce cours ne vise pas à enseigner la signification de l'amour, car cela est au-delà de ce qui peut s'enseigner. Toutefois, il vise à enlever les blocages qui empêchent de prendre conscience de la présence de l'amour. L'opposé de l'amour est la peur, mais ce qui embrasse tout ne peut avoir d'opposé. Ce cours peut donc se résumer très simplement de cette façon :


Rien de réel ne peut être menacé.

Rien d'irréel n'existe.

En cela réside la paix de Dieu."


Ce livre "monument", cadeau pour l'Humanité, est disponible à la vente sur Amazon, entre autres.

Ed. du Roseau.


Bonne lecture
Avec Amour.
Avi

(texte imprimable en pièce jointe au format Word)

Utilisez toujours votre discernement par rapport à ces textes.
Vous avez un Libre Arbitre, alors utilisez le!


Introduction Générale à

UN COURS EN MIRACLES
KENNETH WAPNICK, Ph.D.


Foundation for A Course in Miracles®

TABLE DES MATIERES

CHAPITRE 1

L’ORIGINE D’UN COURS EN MIRACLES


. 2

CHAPITRE 2

L’ETAT D’ESPRIT-UN : LE MONDE DU CIEL


. 8

CHAPITRE 3

L’ETAT D’ESPRIT FAUX: 12

Le péché, la culpabilité et la peur 12

Le déni et la projection. 14

Le cycle attaque-défense. 16

Les relations spéciales


. 17

CHAPITRE 4

L’ETAT D’ESPRIT JUSTE: 21

Colère—pardon. 21

La signification des miracles


. 29

CHAPITRE 5

JESUS: LE BUT DE SA VIE


. 33

APPENDICE

Glossaire. 36

La Fondation d'Un Cours en Miracles. 42


Chapitre 1

L’ORIGINE D’UN COURS EN MIRACLES

Il est intéressant de constater que toute la genèse d’Un Cours en Miracles ainsi que la façon dont il fut écrit sous la dictée illustrent parfaitement les principes fondamentaux du Cours. Le message principal du Cours est que le salut vient au moment précis où deux personnes s’unissent pour partager un intérêt commun ou poursuivre un but commun. Il s’agit là et il s’agira toujours d’un aspect du pardon; nous en parlerons un peu plus tard.

Les deux personnes qui sont à l’origine d’Un Cours en Miracles sont Helen Schucman, décédée en février 1981, et William Thetford (décédé en 1988). Ils étaient tous deux psychologues au cen­tre médical de l’Université Columbia (New York). Bill (Diminutif de William en anglais) y était entré le premier en 1958 et occupait le poste de directeur du département de Psychologie. Helen l’y rejoignit quelques mois plus tard. Leurs rapports personnels furent très difficiles pendant les sept premières années. Ils avaient des personnali­tés tout à fait opposées. Ils s’entendaient bien sur le plan du travail mais sur le plan personnel leurs rapports étaient rem­plis de tension et d’ambivalence. Ils avaient des relations dif­ficiles non seulement l’un avec l’autre mais aussi avec les autres membres de la faculté, avec les autres départements du centre médical et avec les autres centres médicaux qui tra­vaillaient en d’autres disciplines. Cela est typique de l’atmos­phère d’une grande université ou d’un centre médical et celui-là n’était pas différent des autres.

Un beau jour de printemps 1965 les choses changèrent pour toujours. Helen et Bill se préparaient à aller à une des réunions régulières de travail interdisciplinaire au centre médical de Cornell, de l’autre côté de la ville. En général ces réunions étaient fort désagréables et suscitaient des rivalités et des médisances, ce qui, encore une fois, est chose courante dans un cadre universitaire. Helen et Bill y allaient eux-mêmes de leurs critiques et de leurs jugements sur les autres. Mais ce jour-là, juste avant de partir pour la réunion, Bill, qui était un homme plutôt modeste et tranquille, agit d’une façon assez extraordinaire pour lui. Il fit à Helen un discours pas­sionné, disant qu’à son avis il devait y avoir une meilleure façon d’aborder ces réunions et les sortes de problèmes qui s’y présentaient. Il pensait qu’il devrait y avoir plus de tolérance et de bienveillance à l’égard du voisin et moins de criti­ques et de compétition.

Tout aussi inattendue et inhabituelle fut la réponse d’Helen; elle dit qu’elle était d’accord avec lui et qu’elle s’engageait à l’aider à trouver cette autre façon. Il n’y avait rien de plus étrange que cette entente soudaine entre deux personnes qui avaient plutôt tendance à se montrer critiques et assez peu tolérantes l’une à l’égard de l’autre. Cette com­munion constitue un exemple de l’instant saint dont parle le Cours et, comme je l’ai dit au début, c’est par l’instant saint que se fait le salut.

A un niveau dont ils n’étaient conscients ni l’un ni l’autre, cet instant fut le signal qui déclencha pour Helen toute une série d’expériences à l’état de veille comme pendant le som­meil. J’en citerai quelques-unes qui sont de nature très forte­ment psychique et aussi très fortement religieuse car le personnage de Jésus commença à apparaître de plus en plus régulièrement. Ce qui rendait la situation encore plus surpre­nante était l’attitude d’Helen à cette époque de sa vie. Helen, qui avait alors une cinquantaine d’années, avait adopté le rôle de la militante athée, déguisant ainsi de façon subtile sa ran­cune profonde envers un Dieu qui avait failli à tous ses devoirs. C’est pourquoi elle se montrait fort agressive envers tout mode de penser qu’elle jugeait vague ou ambigu, qu’on ne pouvait ni étudier, ni mesurer, ni évaluer. Très compétente dans la recherche psychologique, elle était douée d’un esprit vif, analytique et logique qui ne tolérait aucune autre façon de penser.

Depuis son enfance Helen avait une sorte de pouvoir psy­chique qui lui faisait voir des choses qui n’étaient pas présen­tes. Elle n’y avait jamais vraiment prêté attention, pensant que tout le monde était comme elle. Très jeune elle avait eu une ou deux expériences mystiques singulières auxquelles elle n’avait jamais fait attention non plus. Elle n’en n’avait d’ailleurs jamais fait mention jusque là. Il lui parut donc sur­prenant d’avoir soudain toutes ces expériences qui l’effrayaient beaucoup: une partie d’elle-même craignait de devenir folle. Ces choses-là n’étaient pas normales et si Bill n’avait pas été là pour la soutenir et l’encourager, je pense qu’elle aurait arrêté tout le processus.

Il faut reconnaître l’importance de l’aide qu’apporta Bill et de son union constante avec Helen; sans celles-ci il n’y aurait pas eu l’enregistrement d’Un Cours en Miracles. C’est un autre exemple du principe fondamental du Cours, exprimé de différentes façons maintes et maintes fois: « Le salut est une entreprise de collaboration » (T-4.VI.8:2), « On entre dans l’arche deux par deux » (T-20.IV.6:5), « On ne peut entrer au Ciel tout seul » (L-pI.134.17:7), et « ensemble ou pas du tout » (T- I 9.IV-D.12:8). Si ce n’était pas pour l’union d’Helen et de Bill en cette entreprise, il n’y aurait pas de Cours, et nous ne serions pas rassemblés ici pour en parler.

Pendant l’été Helen eut toute une série d’expériences, presque comme un feuilleton. Elles lui arrivaient en segments différents pendant l’état de veille: ce n’était pas un état de rêve. La série commença par l’épisode où, marchant sur une plage déserte, elle trouva un bateau échoué sur le sable. Elle reconnut que c’était à elle de remettre le bateau à l’eau. Elle n’avait cependant aucun moyen de le faire car le bateau était trop profondément ensablé. A ce moment-là apparut un étran­ger qui lui offrit son aide. Au fond du bateau Helen découvrit ce qu’elle décrivit comme un appareil émetteur-récepteur. Elle dit à l’étranger: « Peut-être que cela nous aidera. » Mais il répondit: » Tu n’es pas encore prête pour cela. N’y touche pas. » Cependant il remit le bateau à l’eau. Chaque fois qu’il survenait des tempêtes et des difficultés, l’étranger apparais­sait pour l’aider. Au bout d’un certain temps elle s’aperçut que cet homme était Jésus, bien qu’il ne ressemblât en rien à l’image qu’on se fait de lui. Il était toujours là pour l’aider quand les choses étaient difficiles.

Finalement, dans la dernière scène de ce feuilleton, le bateau atteignit sa destination qui paraissait être un canal calme, paisible et parfait. A l’arrière du bateau il y avait une canne à pêche dont la ligne était attachée à un coffre à trésor, au fond de la mer. Helen fut remplie d’enthousiasme à la vue du coffre à trésor car à cette époque-là elle adorait les bijoux et les jolies choses. Elle était impatiente de savoir ce qu’il contenait. Elle le souleva et, l’ouvrant, fut très déçue de n’y voir qu’un grand livre noir sans rien d’autre. Sur l’arête du livre était écrit le nom d’Esculape, le dieu grec de la guérison. Helen ne reconnut pas le nom à ce moment-là. Ce ne fut que bien des années plus tard, une fois que le Cours fut finale­ment dactylographié et mis dans des classeurs de thèse noirs, qu’elle-même et Bill se rendirent compte qu’il ressemblait tout à fait au livre trouvé dans le coffre à trésor. Elle vit à nouveau le même coffre à trésor, cette fois-ci entouré d’un collier de perles. Quelques jours plus tard elle eut un rêve dans lequel une cigogne volait au-dessus de villages, portant dans un lange un livre noir marqué d’une croix dorée. Une voix lui dit: « Voilà ton livre. » (Ceci se passa avant la parution du livre.)

Il y eut une autre expérience très intéressante où Helen se vit entrer dans une grotte. C’était une grotte très ancienne; sur le sol gisait un rouleau de parchemin enroulé autour de deux baguettes et qui ressemblait à la Torah (la Torah est la pre­mière partie de l’Ancien Testament). Il était très ancien. En fait la petite ficelle qui le liait tomba et se désintégra lorsque Helen le ramassa. Elle regarda le parchemin et le déroula. Sur la partie centrale étaient inscrits les mots « DIEU EST. » Elle trouva cela très bien. Elle le déroula un peu plus: à gauche il y avait un panneau vide et à droite un panneau vide. Une voix lui dit: « Si tu regardes du côté gauche, tu pourras lire tout ce qui est arrivé dans le passé; si tu regardes du côté droit, tu pourras voir tout ce qui arrivera dans le futur. » Mais elle répondit: « Non, cela ne m’intéresse pas. Tout ce que je veux est le panneau central. »

Helen enroula le parchemin de façon à ne voir que les mots « DIEU EST. » Alors la voix lui dit: « Merci. Cette fois tu y es arrivée. » Elle reconnut qu’elle avait passé avec succès une sorte d’épreuve à laquelle elle n’avait pu réussir aupara­vant. Ce que cela signifiait réellement, c’est qu’elle avait exprimé le désir de ne pas abuser du talent qu’elle avait; autrement dit, de ne pas s’en servir comme d’une sorte de pouvoir ou de curiosité. La seule chose qu’elle cherchait vrai­ment était le présent où se trouve Dieu.

Dans une des leçons du livre d’exercices, on lit: « Nous disons ‘Dieu est’ et puis nous cessons de parler, » parce qu’après ces deux mots il n’y a rien à ajouter (L-p1.169.5:4). Je pense que ce passage réfère à l’expérience de la grotte. Le Cours insiste fortement sur l’idée que le passé n’existe plus et que nous ne devrions pas nous soucier du futur qui n’existe pas non plus. Nous ne devrions nous préoccuper que du pré­sent puisque c’est là seulement que nous pouvons connaître Dieu.

Une dernière histoire: Helen et Bill étaient en route vers la Clinique Mayo à Rochester (Minnesota) afin de passer une journée à étudier comment les psychologues de là-bas fai­saient leurs évaluations psychologiques. La veille Helen avait clairement vu dans son esprit l’image d’une église qu’elle avait tout d’abord cru catholique mais qui, comme elle le remarqua, était luthérienne. Cette image était si vive qu’elle en fit une esquisse. Comme elle la voyait de haut dans sa vision, elle fut convaincue que Bill et elle verraient cette église pendant leur atterrissage à Rochester. Elle fit de cette église le symbole tout-puissant de sa santé mentale ou de son insanité car, ne pouvant pas comprendre toutes ces expérien­ces intérieures, elle en était venue à douter de sa propre rai­son. Voir cette église, pensait-elle, la rassurerait sur son état mental. Mais en atterrissant ils ne virent pas d’église. Comme Helen s’affolait, Bill héla un taxi pour les emmener voir tou­tes les églises de Rochester. Il y avait, je crois, trente-six égli­ses en ville mais ils ne trouvèrent pas celle d’Helen. Helen était dans tous ses états mais ils ne pouvaient rien faire de plus cette nuit-là.

Le lendemain fut un jour très occupé et ils repartirent pour New York dans la soirée. Pendant qu’ils attendaient à l’aéro­port, Bill, qui avait un flair pour ce genre de choses, trouva un livre sur Rochester, pensant que Louis, le mari d’Helen aime­rait le voir. Ce livre contenait l’histoire de la Clinique Mayo et, en le feuilletant, Bill vit une réplique exacte de l’église qu’Helen avait décrite. Elle se trouvait sur l’ancien site de la Clinique Mayo car l’église avait été rasée pour y construire la Clinique. Helen la voyait d’en haut parce qu’elle n’était plus là; avec le temps elle la voyait d’en haut. Elle en fut un peu réconfortée mais ce n’est pas la fin de l’histoire.

Helen et Bill devaient changer d’avion à Chicago. Il était déjà très tard et ils étaient fatigués. Dans le terminal Helen vit une femme assise seule dans son coin à l’autre bout de la salle d’attente. Helen s’aperçut que cette femme était boule­versée même s’il n’y avait aucun signe révélateur. Elle se sentit comme poussée à aller vers cette femme, ce qu’elle n’aurait jamais fait normalement. La femme était en effet bouleversée. Elle venait de fuir mari et enfants et s’en allait à New York où elle n’était jamais allée auparavant; elle n’avait que trois cents dollars pour son séjour à New York et finale­ment elle avait très peur car elle n’avait jamais pris l’avion. Helen se montra amicale, amena cette femme à Bill et ensem­ble ils s’occupèrent d’elle dans l’avion. La jeune femme était assise entre eux et à un moment elle dit à Helen qu’elle pen­sait loger à l’église luthérienne puisqu’elle était luthérienne. Helen entendit alors une voix intérieure: « Voilà ma véritable église. » Helen comprit que Jésus signifiait qu’une vraie église n’est pas un édifice mais le fait d’aider et de s’unir à une autre personne.

Arrivés à New York, Helen et Bill emmenèrent leur nou­velle amie à l’hôtel et, assez curieusement, la rencontrèrent sans cesse pendant les jours suivants. Je crois que Bill la ren­contra un jour à Bloomingdale, un grand magasin de New York et Helen l’eut à dîner une fois ou deux. Par la suite la femme retourna dans sa famille mais resta en contact avec Helen, lui envoyant des cartes de Noël, etc. Un jour elle appela Helen pendant que j’étais là. L’intérêt de toute cette histoire c’est de montrer que ce n’est pas le phénomène psy­chique qui est important en soi mais plutôt l’intention spiri­tuelle qui se trouve derrière et qui, dans ce cas-là, était le secours apporté à une autre personne.

Un jour, à la mi-octobre Helen dit à Bill: « J’ai l’impres­sion qu’il va se passer quelque chose d’inhabituel. » Alors Bill lui suggéra de prendre un cahier pour y noter toutes les cho­ses qu’elle penserait ou entendrait ou tous les rêves qu’elle aurait. C’est ce que fit Helen. Elle savait la sténographie et pouvait écrire très rapidement. Un soir, deux semaines plus tard, elle entendit une voix qui lui disait: « Ceci est un cours en miracles. Prends des notes, je te prie. » Frappée de panique, elle appela Bill au téléphone et lui dit: « La voix n’arrête pas de me dire ces mots. Que dois-je faire? » Bill répondit quel­que chose qui le fera sûrement bénir dans les générations à venir. Il dit: « Pourquoi ne faites-vous pas ce que la voix vous dit? » Helen s’exécuta. Elle se mit à écrire sous la dictée et sept ans plus tard nous avions trois livres intitulés Un Cours en Miracles.

Pour Helen la voix était comme celle d’un magnétophone intérieur. Elle pouvait l’arrêter ou la démarrer à sa guise. Cependant elle ne pouvait I’ »éteindre » trop longtemps sans devenir très agitée. Elle pouvait écrire tout ce que la voix disait malgré la rapidité. La sténo l’aida beaucoup. Elle faisait tout cela en pleine conscience. Ce n’était pas l’écriture auto­matique; ce n’était pas une transe ni rien de ce genre. Quand elle écrivait et que le téléphone sonnait, elle posait sa plume, allait au téléphone, s’acquittait de ce qu’elle avait à faire et revenait terminer là où elle avait été interrompue. Souvent elle était capable de reprendre au même endroit. Ceci est assez remarquable quand on se rend compte qu’une bonne partie du Cours est écrit en vers blancs, en pentamètres iam­biques, et qu’elle faisait ce genre de chose sans sauter un mètre ni perdre le sens de ce que disait la voix.

Ce qui était peut-être le plus effrayant pour Helen était le fait que la voix se faisait connaître comme Jésus. Une bonne partie du Cours est écrit à la première personne; c’est là où Jésus parle beaucoup de sa crucifixion. Il est impossible de se tromper sur l’identité de la voix. Le Cours dit cependant qu’il n’est pas nécessaire de croire que la voix est celle de Jésus pour bénéficier de ce que dit Un Cours en Miracles. Moi, je pense qu’il est aussi facile de le croire pour ne pas avoir à faire une gymnastique mentale pendant la lecture, mais cela n’est pas nécessaire pour mettre en pratique les principes du Cours. Le Cours lui-même le dit. Dans le manuel pour ensei­gnants il y a un paragraphe sur Jésus qui dit qu’il n’est pas nécessaire de l’accepter dans notre vie, mais qu’il nous aide­rait encore plus si nous l’y laissions entrer (C-5.6:6-7).

Il n’y avait aucun doute dans l’esprit d’Helen que la voix était celle de Jésus et cela rendait tout encore plus effrayant. Ce n’a pas été une expérience très agréable pour elle. Elle l’a faite parce qu’elle pensait que c’était en quelque sorte ce qu’elle devait faire. A un moment elle se plaignit amèrement à Jésus: « Pourquoi m’avez-vous choisie? Pourquoi n’avez-vous pas choisi une bonne soeur très sainte ou quelqu’un de ce genre-là? Je suis la dernière personne au monde qui devrait faire cela. » Il répondit: « Je ne sais pas pourquoi tu dis cela puisqu’après tout tu le fais. » Elle ne pouvait rien rétorquer parce qu’elle était en train de le faire et elle fut évidemment le choix parfait.

Tous les jours elle écrivait les paroles du Cours, générale­ment dans son carnet de sténographie. Le lendemain, quand leur emploi du temps très chargé le leur permettait, elle dic­tait à Bill ce qu’elle avait reçu en dictée et il le tapait à la machine. Bill disait en plaisantant qu’il devait entourer Helen d’un bras pour la soutenir et taper de l’autre main. Helen trouvait même très difficile de relire ce qu’elle avait pris en notes. Telle est l’histoire de l’origine et de la composition d’Un Cours en Miracles. Encore une fois le travail prit sept ans.

Comme la plupart d’entre vous le savez, le Cours com­prend trois livres: un texte, un livre d’exercices pour étudiants et un manuel pour enseignants. Le texte, qui est le plus diffi­cile à lire des trois livres, contient la théorie fondamentale du Cours. Le livre d’exercices se compose de 365 leçons, une pour chaque jour de l’année; il est important à cause de son application pratique des principes du texte. Le manuel pour enseignants est un livre bien plus court et le plus facile à lire des trois car il contient les réponses aux questions les plus susceptibles d’être posées. C’est en fait un bon résumé de plu­sieurs des principes du Cours. Presqu’en appendice il y a une section sur l’explication des termes, écrite bien des années après Un Cours en Miracles. Elle tente de définir quelques-uns des mots employés, mais si vous ne savez pas déjà la signification des termes, le fait de lire cette section ne vous aidera pas; elle contient par ailleurs de très beaux passages.

Helen et Bill n’ont fait aucune correction. Les livres que vous avez maintenant sont restés essentiellement comme ils ont été transmis. Les seuls changements apportés viennent du fait que le texte est venu en un seul morceau sans être divisé en sections et chapitres. Il n’y avait ni ponctuation ni paragra­phes. Helen et Bill ont effectué le travail initial de donner une structure au texte et, quand je suis arrivé en 1973, j’ai par­couru tout le manuscrit avec Helen. C’est nous qui avons mis toutes les sections et les titres. Le livre d’exercices ne présen­tait pas de problèmes parce qu’il est venu avec les leçons et que le manuel pour enseignants est venu sous forme de ques­tions et de réponses. La difficulté se trouvait principalement dans le texte originel, mais celui-ci était généralement dicté en sections qui se suivaient logiquement si bien que la divi­sion en paragraphes et chapitres n’a pas été difficile. Durant tout ce travail nous sentions que nous agissions sous la direc­tion de Jésus de façon à tout faire comme il le voulait.

Au début du Cours, Jésus donna beaucoup de renseigne­ments intimes à Helen et à Bill pour leur faire comprendre ce qui se passait et la façon de s’aider l’un l’autre. Il y avait aussi de nombreux messages visant à les encourager à accep­ter ce qui leur était transmis. Comme Helen et Bill étaient psychologues, il y avait beaucoup d’information sur Freud et d’autres personnes a fin de combler la faille qui existait entre ce qu’ils savaient et ce que le Cours disait. Pour des raisons évidentes Jésus demanda à Helen et Bill d’enlever tous ces renseignements qui n’avaient aucun rapport avec l’enseigne­ment fondamental du Cours. Ce nettoyage n’affecta que le style où il laissait des trous. C’est pourquoi nous avons ajouté un mot par ci par là, non à cause du contenu mais pour facili­ter la transition d’une idée à une autre. Cela est arrivé au tout début.

Le style des quatre premiers chapitres nous a toujours posé un problème. Ils constituent les parties les plus difficiles à lire. Je pense que c’est à cause de la communication privée qui en a été retirée, ce qui donne un aspect haché à la lecture. Nous avons fait notre possible pour l’assouplir. Il faut dire aussi qu’au début Helen était tellement effrayée de ce qui se passait que même si elle n’avait aucune difficulté à compren­dre le sens de ce qui était dit, elle en éprouvait fréquemment dans l’expression et le style.

Au commencement par exemple, les mots « Saint-Esprit » n’étaient généralement pas utilisés. Helen avait tellement peur de ce terme que Jésus employait l’expression: l’oeil spi­rituel. Par la suite le terme fut remplacé par « le Saint-Esprit », selon les instructions de Jésus. Pour la même raison le mot « Christ » n’était pas non plus fréquemment employé au début, mais ultérieurement il fut dicté. Quelques mois plus tard, Helen s’était calmée et à partir du chapitre 5, le Cours est pra­tiquement tel qu’il a été transmis.

Les majuscules manquaient également dans le texte. Comme Helen avait tendance à mettre une majuscule à tout ce qui se rapportait même de très loin à Dieu, la tâche de décider quels mots devraient prendre une majuscule et quels mots ne le devaient pas me causa bien des tourments. Il y a certains mots toutefois sur lesquels Jésus insista pour que nous mettions une majuscule afin de faciliter la compréhen­sion du texte.

Helen, qui était une rédactrice minutieuse lorsqu’elle tra­vaillait à des publications de textes de recherche, avait la forte tentation de changer certains mots pour satisfaire ses préférences stylistiques. Mais il lui était toujours dit de n’en rien faire et donc elle n’en fit rien. Ceci exigea beaucoup de volonté. Il y a eu des moments où elle changea certains mots, mais comme elle avait aussi une mémoire extraordinaire, elle se rappelait quand elle le faisait. Plusieurs centaines de pages plus loin, elle se rendait compte qu’un mot particulier avait été choisi à cause de sa référence ultérieure. Alors elle reve­nait en arrière et rechangeait le mot qu’elle avait d’abord changé.

Un Cours en Miracles fut terminé en 1972. J’ai rencontré Helen et Bill pendant l’hiver de la même année. Un ami com­mun qui était prêtre et psychologue, et qui avait fait une par­tie de sa formation sous Helen et Bill, avait entendu parler du Cours. Cet automne-là lui et moi étions devenus amis. J’étais sur le point de partir pour Israël lorsqu’il insista pour que je rencontre ses deux amis. Nous avions passé une soirée ensemble et il avait mentionné le livre de spiritualité qu’Helen avait écrit. Il ne dit cependant rien de sa nature et de son origine.

Nous nous sommes réunis dans l’appartement de Bill et je me souviens que celui-ci a montré dans un coin une pile de sept gros classeurs de thèse noirs qui contenaient le Cours. Cette fois-là je n’emportais pratiquement rien avec moi en Israël et j’ai pensé que je ne devrais pas me mettre à lire un tome. Mais le peu que mes amis en avaient dit m’intriguait. Ce soir-là j’ai raccompagné le prêtre chez lui et il me dit avoir une copie du livre si je désirais le voir. J’eus le senti­ment très fort que je ne devais pas le faire; mais pendant tout le temps que je passais en Israël, la pensée du livre ne me quitta pas. J’écrivis une lettre à Helen en lui disant que je serais très intéressé de voir le livre à mon retour. Elle me dit plus tard que j’avais écrit « Livre » avec un grand L; je n’en avais pas été conscient. Je ne suis en général pas pour les majuscules mais apparemment j’en avais mise une.

Comme je l’ai dit, tout le temps que j’ai passé en Israël, j’ai pensé au livre et au fait qu’il contenait quelque chose d’important pour moi. Je suis revenu au printemps 1973 avec l’intention de passer seulement quelques jours avec ma famille et mes amis et de retourner en Israël pour demeurer dans un monastère pendant une période de temps indétermi­née. Mais j’étais aussi très curieux de voir le livre et j’ai décidé d’aller rendre visite à Helen et Bill. Dès le moment où j’ai vu le livre, j’ai changé tous mes plans et j’ai décidé de rester à New York.

A mon avis Un Cours en Miracles est l’oeuvre qui intègre le mieux la psychologie et la spiritualité. A cette époque je ne savais pas qu’il manquait quelque chose à ma vie spirituelle, mais quand j’ai lu le Cours, je me suis rendu compte qu’il était exactement ce que je cherchais. Une fois qu’on trouve ce qu’on cherche, on ne le quitte plus.

Une chose importante à savoir au sujet du Cours, c’est qu’il dit bien ne pas être la seule voie qui mène au Ciel. Au début du manuel pour enseignants il affirme que ce n’est qu’une forme du cours universel parmi des milliers d’autres (M-1.4:1-2). Un Cours en Miracles n’est pas pour tout le monde et ce serait une erreur de penser qu’il l’est. Rien n’est pour tout le monde. Je pense que c’est une voie très impor­tante qui a été introduite dans ce monde mais elle n’est pas pour tous. A ceux pour qui ce n’est pas la voie, le Saint-Esprit donnera autre chose.

Il serait regrettable qu’une personne ait des difficultés avec le Cours alors qu’elle ne s’y sent pas vraiment à l’aise et qu’ensuite elle pense avoir échoué. Cela irait contre tout ce que préconise le Cours. Son but n’est pas de culpabiliser les gens ! C’est tout le contraire. Mais pour tous ceux dont il est la voie, l’effort en vaut la peine.

Q : Un jour j’ai cru comprendre que beaucoup de personnes le commencent mais qu’elles éprouvent une résistance énorme.

R : C’est absolument vrai. En fait si quelqu’un a suivi tout le Cours sans passer par une période où il le jette par la fenêtre, dans les cabinets ou à la figure de quelqu’un d’autre, c’est probablement qu’il ne comprend pas le Cours. Nous rentre­rons dans les détails plus tard mais la raison majeure, c’est qu’Un Cours en Miracles va contre tout ce que nous croyons. Or il n’y a rien à quoi nous tenions avec autant de ténacité qu’à notre système de croyance, qu’il soit vrai ou faux. Le Cours soulève la question suivante: « Que préfères-tu: avoir raison ou être heureux? » (T-29.VII.1:9). La plupart d’entre nous préférerait avoir raison plutôt que d’être heureux. Le Cours s’érige là-contre en s’efforçant de décrire combien l’ego a tort. Comme nous nous identifions tous fortement à l’ego, nous nous battons contre ce système. Encore une fois je dis bien que, si à un moment ou à un autre un étudiant n’éprouve pas de résistance ou de difficulté en lisant le Cours, c’est que quelque chose va de travers.

Au début de la dictée du Cours, il n’y avait qu’une poi­gnée de personnes qui étaient au courant, et peut-être même pas une poignée. Helen et Bill la traitait tous deux comme un grand secret honteux. Il n’y avait guère personne de leur famille, de leurs amis ou de leurs collègues qui soit au cou­rant. Comme cela faisait partie du plan, juste avant l’arrivée du Cours on leur avait donné une suite de bureaux à l’écart des autres et d’accès privé. Ils purent ainsi finir tout le manuscrit sans que cela gène leur travail malgré un emploi du temps très chargé. Pourtant personne ne savait ce qu’ils fai­saient. Ils le celaient littéralement comme un secret bien gardé et c’est là où les choses en étaient à mon arrivée.

Je passai ma première année avec Helen et Bill à revoir tout le manuscrit jusqu’à ce que tout soit comme ce devait l’être. Nous avons vérifié tous les titres et Helen et moi l’avons lu mot à mot. Ce travail a pris à peu près un an, et une fois le manuscrit terminé, nous l’avons fait retaper. Le Cours fut donc prêt vers la fin de l’année 1974 ou la première partie de 1975. Ce que nous ne savions pas c’était en vue de quoi il était prêt. Il était toujours au secret, pour m’exprimer ainsi, mais nous savions qu’il était prêt.

Au printemps de 1975 quelqu’un d’autre apparut sur la scène en la personne de Judy Skutch. L’histoire de sa venue dans le Cours est intéressante même si je passe dessus ici; des choses inattendues en ont provoqué d’autres et Judy arriva avec Douglas Dean. Peut-être que quelques-uns d’entre vous connaissez Douglas qui est un psychologue réputé en parap­sychologie. Ils étaient apparemment venus au centre médical cet après-midi-là pour d’autres raisons. Nous avons pensé que nous devions nous ouvrir sur le cours à Judy et à Douglas, ce que nous avons fait. Alors c’est comme s’il avait quitté nos mains pour atterrir dans celles de Judy. Cela conduisit à la publication du Cours. C’était une chose en laquelle nous n’avions aucune compétence et pour laquelle nous ne nous sentions aucunement responsables. Nous pensions que notre responsabilité était de le remettre entre de bonnes mains pour que ce soit bien fait mais ce n’était pas nous qui le ferions. C’était le rôle de Judy et elle l’a très bien rempli.

Vous remarquerez dans les livres que la date de copyright est 1975 alors que les livres n’ont été imprimés qu’en 1976. Cet été-là, un ami californien de Judy fit une photo-offset du Cours et en imprima ainsi 300 copies. Un Cours en Miracles n’a été imprimé sous la forme présente qu’en 1976 et cela a nécessité « miracle » après « miracle ». Ce qui était vraiment « miraculeux » fut la rapidité avec laquelle tout cela s’effectua. Les livres furent publiés en juin 1975 et au moment présent (1993), il y a eu plus de trente tirages.

The Foundation for Inner Peace (la Fondation de la paix intérieure) s’occupe de la publication et de la diffusion d’Un Cours en Miracles. Le Cours n’est ni un mouvement ni une religion; ce n’est pas une autre église non plus. C’est plutôt un système susceptible d’aider certaines personnes à trouver leur voie vers Dieu par la pratique de ses principes. Comme la plupart de vous le savez, il y a de petits groupes qui se for­ment un peu partout et nous avons toujours pensé qu’il est très important qu’il n’y ait pas d’organisation qui fonctionne en tant qu’autorité.

Aucun de nous ne voulait être placé dans le rôle d’un guru. Helen était formelle sur ce point. Les gens venaient littérale­ment s’asseoir à ses pieds et elle leur marchait presque sur les mains. Elle n’était absolument pas intéressée à être faite le personnage principal du Cours. Elle pensait que le person­nage principal d’Un Cours en Miracles était Jésus ou le Saint-Esprit et que c’est ainsi que ce devait être. Pour elle cela était très important. Agir autrement c’était établir une structure du genre église, et c’était la dernière chose que vou­drait l’auteur du Cours.

Q : Comment est-ce que les différentes personnes étaient capables de gagner leur vie pendant ces années?

R : Helen et Bill avaient des postes à temps complet et j’avais un emploi à mi-temps au centre médical en même temps qu’une pratique de psychothérapie à temps partiel. J’étais capable de m’en acquitter assez vite pour passer le reste du temps à corriger le Cours avec Helen et à faire ce qu’il y avait à faire. Nous le faisions dans nos « moments de loisir », mais je pense qu’en ce temps-là c’était nos occupations profession­nelles qui étaient nos « moments de loisir ». Pendant tout le temps que le Cours était en train de se faire, Helen et Bill étaient très occupés par leurs diverses responsabilités.

Q : Est-ce qu’il a jamais eu quelque chose de dit au sujet du moment où est apparu le Cours? Pourquoi à ce moment-là?

R : Oui. Au début de la dictée Helen a reçu une explication de ce qui arrivait. Il lui a été dit qu’il y avait une « accélération céleste ». Le monde est en fort mauvais état, lui a dit Jésus, ce qui est évident aux yeux de quiconque. Cela se passait au milieu des années 60 et le monde paraît être en bien plus mauvais état maintenant. Pour tout le monde c’était une période difficile et il fut demandé à certains de contribuer par leurs talents particuliers à cette accélération céleste pour aider à rectifier les choses dans le monde. Helen et Bill furent deux parmi tant d’autres à contribuer leurs talents particuliers pour ce plan. Ces quinze dernières années il y a eu une proliféra­tion de textes qui disent avoir été inspirés. Le but de tout cela est d’aider chacun à changer ses opinions sur la nature du monde. Je le répète, Un Cours en Miracles est seulement une voie parmi tant d’autres; cela est très important. La raison pour laquelle j’insiste sur ce point est que le Cours traite d’un problème extrêmement difficile dont nous parlerons un peu plus tard: les relations spéciales’. Il est fort tentant de former une relation spéciale avec le Cours et de le rendre très spécial’ au sens négatif. Je l’expliquerai quand nous en reparlerons.

Chapitre 2

L’ETAT D’ESPRIT-UN : LE MONDE DU CIEL

Une des méthodes les plus commodes pour présenter Un Cours en Miracles est de le diviser en trois sections; le Cours représente en effet trois systèmes de pensée différents: l’état d’esprit-Un, qui représente le monde du Ciel; l’état d’esprit faux qui représente le système de pensée de l’ego et l’état d’esprit juste qui représente le système de pensée du Saint-Esprit.

Pour commencer, il sera utile de remarquer qu’Un Cours en Miracles est écrit à deux niveaux (voir le schéma à la page suivante). Le premier niveau présente la différence entre l’esprit-Un et l’esprit divisé, alors que le second niveau éta­blit un contraste entre l’état d’esprit faux et l’état d’esprit juste. Au premier niveau par exemple, le monde et le corps sont considérés comme des illusions que fabrique l’ego. C’est pourquoi elles symbolisent la séparation d’avec Dieu.

Le second niveau correspond au monde où nous croyons vivre et, à ce niveau, le monde et le corps sont neutres et peu­vent poursuivre un but comme un autre. Pour l’ego de l’esprit faux, ce sont des instruments destinés à renforcer la sépara­tion. Pour l’esprit juste, ce sont les moyens dont Se sert le Saint-Esprit pour nous enseigner Ses leçons de pardon. A ce deuxième niveau les illusions correspondent donc aux per­ceptions fausses de l’ego, par exemple celle de voir un acte d’agression plutôt qu’un appel à l’amour, le péché plutôt que l’erreur.

En gardant ceci à l’esprit, nous allons commencer notre discussion sur les trois systèmes de pensée du Cours. Nous allons commencer par le premier qui est en réalité le seul, et qui est décrit au début du texte comme l’état d’esprit-un du Christ ou de Dieu. C’est un système de pensée qui n’a aucun rapport avec ce monde-ci. Je vais en dire un mot maintenant puis nous allons le laisser de côté parce qu’en fait ce n’est pas le thème le plus important du Cours. Il constitue le principe de base du Cours et son fondement, mais ce n’est pas réelle­ment là qu’est le travail.

L’état d’esprit-Un constitue le monde du Ciel, ce qu’Un Cours en Miracles appelle connaissance. L’un des aspects difficiles du Cours lorsqu’on l’aborde pour la première fois, c’est que le sens des mots est différent de leur sens habituel. Vous aurez beaucoup de mal si vous comparez votre propre compréhension d’un mot avec celle du Cours. Des mots comme « péché », « monde », « réalité », « Dieu », « Jésus », « con­naissance » etc. ont un sens quelque peu différent du sens usuel. Si vous voulez rendre justice au Cours et comprendre ce qu’il dit, que vous acceptiez le Cours ou pas, vous devez aussi comprendre le sens des mots et la façon dont ils sont utilisés dans ce contexte-là.


L’un de ces mots est « connaissance ». Le Cours n’emploie pas « connaissance » au sens où nous l’employons. La connais­sance ne réfère qu’à Dieu et le monde de la connaissance n’a rien à voir avec ce monde-ci. La connaissance n’est ni une croyance ni un système de pensée. C’est une expérience, une expérience qui transcende complètement ce monde. Aussi le monde du Ciel, le monde de la connaissance ou le monde du pur esprit de Dieu, représentent tous la même chose [Pur esprit: c’est le principe spirituel de l’esprit (spirit en anglais) com­paré à l’esprit qui est l’agent motivateur (mind en anglais)]. Quand Un Cours en Miracles parle du monde du pur esprit, celui-ci n’a aucun rapport avec le monde de la matière. Le pur esprit est notre réalité, notre vrai foyer et, encore une fois, il n’a rien à voir ici avec notre expérience de la réalité.

Le concept principal du Ciel ou du monde de la connais­sance est la Trinité. Je vais décrire brièvement comment le Cours définit la Trinité, mais auparavant je vais parler de quelque chose d’autre, d’une objection que de nombreuses personnes soulèvent à propos du Cours. Leur question est la suivante: Si le thème du Cours et sa pensée principale sont de nature universelle—celle que nous sommes tous un—, alors pourquoi est-ce que le Cours est venu sous une forme spécifi­quement chrétienne?

La réponse à cette question acquiert un sens quand on tient compte d’un des principes fondamentaux du Cours: Il faut dé-faire (l’ego a fabriqué; l’esprit juste dé-fait) l’erreur là où elle se trouve. Il n’y a aucun doute que l’influence dominante du monde occidental est le christia­nisme. Il n’y a pas de système de pensée plus puissant au monde, que vous vous considériez chrétien ou non. Il n’y a per­sonne en ce monde, en tous les cas dans le monde occidental, qui n’ait pas été profondément affecté par le christianisme.

Que vous vous identifiiez au christianisme ou non, vous vivez dans un monde chrétien. Notre calendrier est basé sur la naissance et la mort de Jésus. Pourtant il n’est pas besoin de dire que le christianisme n’a pas été très chrétien quand on considère l’histoire des églises.

Comme le christianisme a fait une marque profonde sur le monde, et continue à le faire—une marque qui n’est pas très chrétienne—, il était essentiel d’en dé-faire les erreurs avant de pouvoir changer radicalement le système de pensée du monde. Voilà pourquoi à mon avis Un Cours en Miracles est venu sous une forme spécifiquement chrétienne. Tout lecteur du Cours qui a eu une éducation chrétienne reconnaîtra assez vite que le christianisme dont parle le Cours n’a rien à voir avec celui qui a été enseigné. Le mari d’Helen, Louis, qui s’identifiait fortement au judaïsme, m’a dit un jour qu’il savait que si le christianisme avait été comme le Cours, il n’y aurait jamais eu d’anti-sémitisme. Il n’y a aucun doute là-dessus.

Le Cours est donc venu sous cette forme-là afin de corri­ger les erreurs que le christianisme avait introduites. Partout dans le Cours, et particulièrement dans les premiers chapitres du texte, il y a de multiples références à l’Ecriture sainte (plus de 800) dont plusieurs ont été réinterprétées. Au début des chapitres 3 et 6 il y a des passages remarquables sur la cruci­fixion où Jésus rectifie les faits en expliquant ce qui a causé la mauvaise compréhension qu’en ont eue les gens (T-3.I; T-6.I). Il explique pourquoi c’est arrivé et comment tout un système de pensée est né de cette erreur-là. L’argument de Jésus n’est pas conventionnellement chrétien mais ses princi­pes sont chrétiens au sens où il les signifiait originellement.

Voilà pourquoi Un Cours en Miracles a une forme chré­tienne et pourquoi, plusieurs fois dans le texte, Jésus nous dit qu’il a besoin que nous lui pardonnions. Cela s’adresse au chrétien aussi bien au juif et qu’à l’athée. Il n’y a personne en ce monde qui, à un niveau ou à un autre, consciemment ou non, n’ait pas fait de Jésus son ennemi. Pour cette raison les gens pensent que ce Cours est un ennemi. Il menace les fon­dements mêmes du système de l’ego. Je répéterai donc qu’avant de pouvoir dépasser le christianisme et ce qu’il a été, il faut d’abord lui pardonner. Encore une fois, cela s’accorde parfaitement avec les principes du Cours.

La terminologie chrétienne qu’utilise le Cours constitue un obstacle contre lequel bute pratiquement tout lecteur. C’est un obstacle pour tous ceux qui ont été élevés dans la religion juive parce qu’il leur a généralement été enseigné très tôt que « Jésus » est un terme négatif. C’est certainement un obstacle pour la plupart des chrétiens parce que le Cours présente une forme de christianisme différent de celui qu’ils connaissent. Et pour un athée il y a évidemment aussi des problèmes. Je répète qu’il n’y a pratiquement personne qui n’éprouve de dif­ficulté en lisant Un Cours en Miracles à cause de sa forme. C’est donc intentionnellement qu’il est chrétien; ce n’est pas non plus par hasard que Jésus ne cache pas le fait qu’il est l’auteur du Cours. Le but est réellement d’aider le monde à lui pardonner et à se pardonner ses fausses interprétations.

Q : Pouvez-vous dire un mot de la poésie?

R : Helen était une mordue de Shakespeare et le pentamètre iambique qui est utilisé dans une grande partie du Cours est de style shakespearien. Il y a aussi plusieurs allusions aux pièces de Shakespeare, et la version de la Bible qui est citée est la version King James. Cependant, bien qu’il y ait des parallèles frappants avec l’enseignement de la Bible, le Cours, comme je l’ai dit, diffère de ce qu’on pourrait appeler le christianisme biblique.

Une remarque finale: comme son but est de corriger le christianisme, le Cours emploie délibérément des termes chrétiens pour la Trinité, et ces termes sont masculins. C’est encore une autre objection que beaucoup de personnes ont soulevée contre le Cours. Il y a deux raisons pour cet usage: l’une, c’est que les langues juive et chrétienne sont masculi­nes et donc le Cours a adopté ce genre. L’autre raison est qu’une grande partie est rédigée en style poétique et qu’il deviendrait encombrant d’avoir à répéter « à lui ou à elle ». C’est une des contraintes de la grammaire anglaise. Si on parle d’un être humain, par exemple, on se référera à lui dans la phrase suivante par un pronom de genre masculin pour être grammaticalement correct. Voilà un aspect stylistique de la langue anglaise et le Cours la suit, tout simplement. Je peux vous assurer que l’auteur du Cours n’est pas sexiste; Jésus n’est pas phallocrate.

La première personne de la Trinité est Dieu bien sûr. Dieu est la Source de tout être. Dans le Cours Il est souvent appelé le Père, ce qui, encore une fois, est clairement emprunté à la tradition judéo-chrétienne. Il est aussi appelé le Créateur et tout vient de Lui. Dieu est pur esprit par essence, et comme Dieu est immuable, sans forme, éternel et pur esprit, rien de ce qui n’a ces qualités ne peut être réel. Voilà pourquoi le Cours dit que le monde n’est pas réel et n’a pas été créé par Dieu. Le monde est changeant par nature; il n’est pas éternel et il est fait de substance matérielle. Donc il ne peut venir de Dieu.

La seconde personne de la Trinité est le Christ. Ce qui est arrivé dans la création c’est que Dieu s’est naturellement étendu Lui-même9. L’état naturel du pur esprit est de s’éten­dre et de se propager. L’extension de Dieu est création et la création est connue comme le Fils de Dieu ou le Christ. Ce qui est difficile à comprendre dans tout ceci c’est que les seuls mots ou concepts que nous puissions utiliser sont ceux de notre propre monde, le monde de la perception, limité par le temps et l’espace. C’est l’univers matériel que nous avons fabriqué comme substitut au Ciel. Cependant une seule jour­née d’atelier ne nous donne pas le temps d’élaborer là-dessus.

Donc au Ciel il n’y a ni temps ni espace. Quand nous pensons à Dieu Qui S’étend, la seule image que nous puis­sions avoir est une image temporelle et spatiale, et par là-même incorrecte. Le Cours dit dans ces cas-là qu’il ne faut pas essayer de comprendre ce qui ne peut être compris. Le livre d’exercices emploie l’expression « futiles rêvasseries » (L-pI.139.8:5) et c’est exactement ce que c’est. Comme le déclare Un Cours en Miracles, nous pouvons seulement saisir la vérité par une expérience révélatrice qu’il nous serait ensuite impossible de formuler avec des mots: les mots ne sont que des symboles de symboles et donc ils sont par deux fois éloignés de l’état de réalité (M-21.1:9-10).

Or le Fils de Dieu, ou le Christ, S’étend Lui-même. L’extension de Dieu est Son Fils Qui s’appelle Christ. Le Christ est un: il n’y a qu’un Dieu et Il n’a qu’un Fils. Autre­ment dit, le Fils de Dieu s’étend aussi par Son pur esprit de la même façon que Dieu S’étend par Son pur esprit. Cela nous mène à l’un des mots les plus ambigus du Cours, et ce mot-là est « créations ». Quand le Cours parle de créations, il se réfère aux extensions du pur esprit du Christ. Juste comme Dieu a créé le Christ, le Christ crée aussi. Et les extensions du Christ au Ciel s’appellent créations. C’est une question que le Cours n’essaie pas d’élucider. Quand on tombe sur ce mot, il suffit de se dire qu’il signifie simplement le processus naturel par lequel s’étend le pur esprit.

Un Cours en Miracles explique, —et c’est là un point très important—, que même si nous créons comme Dieu en tant que Christ, nous n’avons pas créé Dieu. Nous ne sommes pas Dieu. Nous sommes les extensions de Dieu; nous sommes les Fils de Dieu mais nous ne sommes pas la Source. Il n’y a qu’une Source, et celle-ci est Dieu. Croire que nous sommes Dieu et que nous sommes la Source de l’être, c’est faire exactement ce que désire l’ego: c’est croire que nous som­mes autonomes et que nous pouvons créer Dieu exactement comme Dieu nous a créés. Cette croyance nous enferme dans un cercle clos dont il est impossible de sortir parce que nous déclarons alors être l’auteur de notre propre réalité. C’est ce que le Cours appelle le problème d’autorité. Nous ne sommes pas l’auteur de notre réalité, Dieu l’est. Une fois que nous croyons être Dieu, nous entrons en concurrence avec Lui et nous nous heurtons alors à des difficultés. Voilà ce qu’est, bien sûr, l’erreur originelle, et nous en parlerons dans un petit moment.

Au commencement, lequel bien sûr transcende le temps, il y avait Dieu et Son Fils. C’était comme une grande famille heureuse au Ciel. Mais bizarrement, à un certain moment, qui en réalité n’arriva jamais, le Fils de Dieu crut qu’il pouvait se séparer de son Père. C’est à ce moment-là que se produisit la séparation. En vérité, comme le déclare le Cours, cela n’aurait jamais pu arriver; comment une partie de Dieu pour­rait-elle se séparer de Lui? Pourtant le fait que nous sommes tous ici, ou que nous pensons être ici, semble indiquer tout autre chose. Le Cours n’explique pas vraiment la séparation; il dit simplement que c’est ainsi. N’essayons pas de deman­der comment l’impossible est arrivé parce qu’il n’aurait pas pu arriver. Si on demande comment cela aurait pu arriver, on retombe en plein dans l’erreur.

De la façon dont nous pensons, c’est arrivé et la séparation s’est passée. A l’instant même où nous avons cru nous séparer de Dieu, nous avons mis en place tout un nouveau système de pensée (je vais en parler dans une minute); Dieu envoya alors Sa Correction pour dé-faire cette erreur. C’est la troisième Personne de la Trinité. Il y en a une bonne explication au chapitre 5 du texte si vous souhaitez l’étudier de plus près. C’est le premier passage où Jésus parle spécifiquement du Saint-Esprit en expliquant Son rôle: Il est la Réponse à la séparation. Chaque fois que vous trouvez le mot « Réponse » avec un grand « R » dans le Cours, vous pouvez substituer « Saint-Esprit ».

Un Cours en Miracles décrit le Saint-Esprit comme le lien de communication entre Dieu et Ses Fils séparés (T-6.I.19:1). La raison pour laquelle il est la Réponse et Il dé-fait la sépa­ration est la suivante: puisque nous croyons réellement être séparés de Dieu —Dieu est là et nous sommes ici—, le Saint-Esprit agit en tant que lien entre là où nous croyons être et là où nous sommes vraiment, c’est à dire de retour avec Dieu. Le fait qu’il y ait un lien nous montre que nous ne sommes pas séparés. Dieu a dé-fait la séparation au moment même où nous croyions qu’elle se produisait. Ce qui dé-fait la sépara­tion est le Saint-Esprit.

Je répète que c’est le système de pensée connu comme l’état d’esprit-Un et c’est sur ce système qu’est fondé tout ce dont nous allons parler. Nous ne pouvons pas le comprendre; il faut simplement l’accepter. Une fois de retour au Ciel, nous le comprendrons et alors nous n’aurons plus de questions.

Chapitre 3

L’ETAT D’ESPRIT FAUX:
LE SYSTEME DE PENSEE DE L’EGO

Les deux systèmes de pensée déterminants pour compren­dre Un Cours en Miracles sont l’état d’esprit faux et l’état d’esprit juste. L’état d’esprit faux s’identifie à l’ego. L’état d’esprit juste s’assimile au système de pensée du Saint-Esprit, qui est le pardon. Ce n’est pas un système de pensée bien sympathique que celui de l’ego. Comme le Cours l’explique clairement, le système de pensée de l’ego ainsi que celui du Saint-Esprit sont parfaitement logiques et cohérents en eux-mêmes. Et ils s’excluent mutuellement. Il est fort utile de comprendre ce qu’est exactement la logique du système de l’ego étant donné qu’il est très logique. Une fois qu’on en a vu la logique, on comprend beaucoup de choses dans le texte qui pourraient autrement paraître obscures.

Une des difficultés que présente l’étude d’Un Cours en Miracles c’est qu’il ne ressemble pas aux autres systèmes de pensée. La plupart des systèmes de pensée procèdent de façon linéaire, en commençant par les idées simples sur les­quelles s’édifient des idées de plus en plus complexes. Le Cours n’est pas ainsi. Le système de pensée du Cours a une structure circulaire. Il semble passer et repasser constamment sur les mêmes idées. Représentez-vous un puits où vous des­cendez en spirale jusqu’au fond. Le fond de ce puits serait Dieu. Mais ce sont les mêmes cercles que vous continuez à faire. Plus vous descendez, plus vous vous approchez des fondements du système de l’ego. Mais c’est toujours la même chose. Et c’est pourquoi le Cours répète toujours la même chose. Comme il vous est impossible de retenir tout cela la première fois ou même la centième fois, vous avez besoin des six cent vingt-deux pages. C’est un processus et c’est une des choses qui distinguent Un Cours en Miracles des autres systèmes spirituels. Il se présente comme un système très intellectuel, mais c’est vraiment un système qui s’appuie sur l’expérience. Aussi est-il intentionnellement écrit d’une pers­pective pédagogique: celle-ci n’est pas de nous le faire étu­dier à la façon d’un autre système mais plutôt de nous faire descendre en spirale dans le puits. L’étude du Cours ainsi que l’observation constante de notre vie personnelle nous fera comprendre de mieux en mieux ce qu’il dit. Néanmoins je pense qu’il est utile d’étudier le système de pensée de l’ego d’une perspective linéaire pour comprendre comment il est bâti. Cela facilitera la lecture du texte.

Le péché, la culpabilité et la peur

Trois idées maîtresses aident à comprendre le système de pensée de l’ego. Ce sont le péché, la culpabilité et la peur qui sont les piliers de tout le système. Chaque fois que vous voyez le mot « péché » dans le Cours, vous pouvez substituer le mot « séparation » parce que ces deux mots sont identiques. Le péché dont nous sommes le plus coupables et qui, en fin de compte, se trouve à l’origine de toute notre culpabilité, c’est de croire à une séparation d’avec Dieu, que j’ai décrite il y a un instant. Elle équivaut à peu près à que ce que les égli­ses appellent « le péché originel ». Sa description au chapitre 3 de la Genèse reproduit parfaitement la naissance de l’ego. Il y est fait référence dans la première section du chapitre 2 du texte (T-2.I.3-4).

A l’origine de l’ego il y a la croyance que nous nous som­mes séparés de Dieu. Le péché est ceci: la croyance que nous nous sommes séparés de notre Créateur et que nous nous som­mes fait un soi qui est séparé de notre vrai Soi. Le Soi est synonyme de Christ. Chaque fois que vous voyez le mot « Soi » avec une majuscule, vous pouvez substituer le mot « Christ ».

Nous croyons avoir mis en place un soi (avec un petit « s ») qui serait notre vraie identité, et nous croyons que ce soi est indépendant de notre vrai Soi et de Dieu. C’est là que com­mencent tous les problèmes du monde: nous croyons être des individus séparés de Dieu. Une fois qu’on croit avoir commis ce péché, comme n’importe quel autre péché, il est psycholo­giquement inévitable de se sentir coupable de ce qu’on pense avoir fait. En un certain sens la culpabilité peut se définir comme le sentiment d’avoir péché. Aussi peut-on employer le mot péché comme synonyme de culpabilité: une fois que nous croyons avoir péché, il est impossible de croire que nous ne sommes pas coupables et de ne pas ressentir ce qui est connu sous le nom de culpabilité.

Quand Un Cours en Miracles parle de culpabilité, il se sert du mot dans un sens différent de l’emploi usuel; la plupart du temps il a la connotation d’avoir fait ou omis de faire telle chose. La culpabilité est toujours liée à des choses spécifi­ques et relatives au passé. Pourtant le fait d’avoir conscience de sentiments coupables ne constitue que le sommet d’un ice­berg. Imaginons un iceberg: sous la surface de l’eau se trouve l’énorme masse que constitue la culpabilité. Elle représente réellement la somme totale de tous les sentiments négatifs, les croyances et les expériences négatives que nous avons jamais éprouvés personnellement. Alors la culpabilité se pré­sentera sous n’importe quelle forme, que ce soit la haine de soi, le rejet personnel, les sentiments d’inaptitude, d’échec, de vide, le sentiment qu’il y a des choses qui manquent en nous, qui font défaut, qui sont incomplètes.

La plus grande partie de cette culpabilité est inconsciente. D’où l’utilité de l’image de l’iceberg. La plupart des senti­ments de dégoût de soi se trouve au-dessous de la surface de notre esprit conscient, ce qui les rend bien sûr pratiquement inaccessibles. La raison primordiale de toute cette culpabilité est la conviction que nous avons péché contre Dieu en nous séparant de Lui. Le résultat est que nous nous voyons séparés des autres et de notre Soi.

Une fois que nous nous sentons coupables, il nous est impossible de ne pas croire que nous serons punis pour toutes les choses terribles que nous croyons avoir commises et pour l’horrible chose que nous croyons être. Selon la doctrine du Cours, la culpabilité réclame toujours un châtiment. Une fois que nous nous sentons coupables, nous croyons que nous devons être punis pour nos péchés. Psychologiquement il n’y a aucun moyen d’éviter cette phase. Alors nous aurons peur. Toute peur, quelle qu’en soit la cause apparente en ce monde, vient de la conviction que je devrais être puni pour tout ce que j’ai fait ou ce que j’ai omis de faire. Alors j’ai peur de ce que sera la punition.

De même que nous croyons que l’objet ultime de notre péché est Dieu contre Qui nous avons péché en nous séparant de Lui, nous croyons également que Dieu Lui-même nous punira. Tous les passages effrayants que nous lisons dans la Bible au sujet de la colère et de la vengeance de Dieu vien­nent de là. Cela n’a rien à voir avec Dieu tel qu’Il est puisque Dieu est uniquement Amour. Cela a cependant beaucoup à voir avec les projections de notre propre culpabilité sur Lui. Ce n’est pas Dieu Qui a chassé Adam et Eve du Jardin d’Eden; ce sont Adam et Eve qui se sont eux-mêmes chassés du Jardin d’Eden.

Convaincus d’avoir péché contre Dieu, comme nous le sommes tous, nous pouvons seulement croire que Dieu va nous punir. Le Cours parle de quatre obstacles à la paix dont le dernier est la peur de Dieu (T-19.IV-D). Ce qui s’est réelle­ment passé, c’est qu’en prenant peur de Dieu, nous L’avons changé d’un Dieu d’Amour en un Dieu de peur: un Dieu de haine, de punition et de vengeance. C’est tout juste ce que l’ego veut que nous fassions. Quand nous nous sentons coupables, quelle que soit l’origine de cette culpabilité, nous croyons non seulement que nous sommes coupables mais aussi que Dieu va nous frapper à mort. Alors Dieu, notre Père aimant et notre seul ami, devient notre ennemi. Et quel ennemi! Voilà, encore une fois, l’origine de toutes les croyan­ces recueillies dans la Bible ou ailleurs à propos de Dieu en tant que Père Qui châtie. Le croire, c’est Lui attribuer les mêmes qualités de l’ego que nous possédons. Voltaire a dit: « Dieu a créé l’homme à Son image, et l’homme lui a rendu le compliment. » Le Dieu que nous avons créé est réellement l’image de notre propre ego.

Personne ne peut vivre en ce monde en étant conscient d’un tel degré de peur et de terreur et d’un tel degré de haine de soi et de culpabilité. Il nous serait absolument impossible de vivre avec une telle quantité d’angoisse et de terreur: cela serait trop accablant. Il doit donc y avoir un moyen de le sup­porter. Comme ce n’est pas vers Dieu que nous pouvons aller pour trouver du secours puisque dans notre système de pen­sée nous avons transformé Dieu en ennemi, tout ce que nous pouvons faire, c’est de nous tourner vers l’ego lui-même.

Nous allons demander de l’aide à l’ego: « Dis, il faut que tu fasses quelque chose; je ne peux plus tolérer tous ces senti­ments d’anxiété et de terreur. Au secours! » L’ego, fidèle à sa forme, nous procure un semblant d’aide qui ne nous est vrai­ment pas utile. Cette « aide » vient sous deux formes fonda­mentales et c’est là surtout qu’on peut vraiment comprendre et apprécier la contribution qu’a faite Freud.

Le déni et la projection

Je pense que je devrais faire ici un peu de réclame pour Freud, qui a mauvaise presse ces jours-ci. Tout le monde s’emballe pour Jung aussi bien pour les autres psychologues non traditionnels, et à juste titre, mais en repoussant Freud à l’arrière plan. Cependant pour comprendre ce qu’est l’ego dans le Cours, il faut se référer directement à ce qu’enseignait Freud. C’était un homme brillant et, si ce n’était pour Freud, il n’y aurait pas Un Cours en Miracles. Jung disait lui-même, qu’en dépit de tous les problèmes qu’il avait avec Freud, il suivait simplement le sillon de Freud. Cela est vrai de quicon­que est venu après Freud. Freud a employé une méthode sys­tématique, exacte et très logique pour expliquer comment l’ego fonctionne.

Que je mentionne en passant que Freud emploie le mot « ego » dans un sens différent de celui du Cours. Dans le Cours « ego » équivaut à peu près à l’emploi qu’on en fait en Extrême Orient. Autrement dit, l’ego est le soi avec un petit « s ». Pour Freud l’ego est seulement une partie de la psyché, composée du id (l’inconscient), du superego (la conscience) et de l’ego, celui-ci étant la partie de l’esprit qui intègre tout cela. La façon dont le Cours emploie le mot « ego » équivaut à peu près à la psyché totale de Freud. Il faut donc faire cette transition pour travailler avec le Cours.

A propos Freud a commis une seule erreur et c’en était une belle ! Il n’a pas reconnu que toute la psyché était une défense contre notre vrai Soi, notre vraie réalité. Freud avait tellement peur de sa propre spiritualité qu’il devait construire un système de pensée pratiquement impénétrable à toute menace du pur esprit. C’est exactement ce qu’il a fait. Cepen­dant sa description du mécanisme de la psyché ou de l’ego est absolument brillante. Répétons que son erreur a été de ne pas reconnaître que tout ceci était une défense contre Dieu. Tout ce que nous disons aujourd’hui au sujet de d’ego s’appuie sur ce que Freud a dit. Nous lui devons tous énormément de gra­titude. Il faut remarquer en particulier les contributions qu’il a faites dans le domaine des mécanismes de défense et qui nous aident à comprendre la façon dont nous nous défendons contre toute la culpabilité et toute la peur que nous avons.

Quand nous allons chercher du secours auprès de l’ego, nous ouvrons un livre de Freud et nous y trouvons deux cho­ses fort utiles. La première est la répression, ou le déni. (Le Cours n’emploie jamais le terme « répression »; il se sert du mot « déni ». Vous pouvez utiliser l’un ou l’autre.) Ce que nous faisons de toute la culpabilité, du sentiment de péché et de toute la terreur que nous éprouvons, c’est de prétendre qu’ils n’existent pas. Nous les repoussons hors de la cons­cience; or le fait même de les repousser dans l’inconscience est connu sous le nom de répression ou de déni. Nous en nions l’existence. Prenons des exemples: si nous sommes trop paresseux pour balayer le plancher, nous poussons la poussière sous le tapis en prétendant ensuite qu’elle n’y est pas; ou bien c’est l’autruche effrayée qui s’enfonce la tête dans le sable pour ne pas avoir à regarder ni à affronter ce qui lui fait peur. Cela ne va pas pour des raisons évidentes. Si nous continuons à repousser la poussière sous le tapis, il y aura bientôt des bosses sur lesquelles nous finirons par trébu­cher; quant à l’autruche, elle ne pourrait rester dans cette position sans se causer beaucoup de mal.

A un certain niveau, nous savons que notre culpabilité est présente. Alors nous allons de nouveau vers l’ego en disant: « C’était bien beau le déni, mais tu dois faire quelque chose d’autre. Tout cela va s’accumuler et après, moi je vais explo­ser. Aide-moi, je t’en prie. » Alors l’ego répond: « J’ai tout juste ce qu’il te faut. » Il nous dit qu’en regardant à telle page de l’ Interprétation des rêves de Freud, ou ailleurs, nous trou­verons ce qui est connu comme la projection. Il n’y a sans doute pas d’idée plus importante à comprendre dans Un Cours en Miracles. Si vous ne comprenez pas la projection, vous ne comprendrez pas un seul mot du Cours, qu’il s’agisse du fonctionnement de l’ego ou de la façon dont le Saint-Esprit dé-fait ce que l’ego a fabriqué. Projeter signifie sim­plement prendre quelque chose qui se trouve au-dedans de soi en disant que ce n’y est pas vraiment, que c’est à l’extérieur de soi, chez quelqu’un d’autre. Le mot lui-même veut dire lit­téralement rejeter, lancer hors de ou en direction de quelque chose, et c’est ce que nous faisons tous quand nous projetons. Nous prenons la culpabilité, ou l’état de péché que nous pen­sons être en nous et nous disons: « Ce n’est pas vraiment en moi, c’est en toi. Ce n’est pas moi qui suis la personne coupa­ble, c’est toi. Moi, je ne suis pas responsable de ma misère ou de ma dépression, c’est toi qui l’es. » Du point de vue de l’ego, peu importe qui est le « toi ». L’ego ne se préoccupe pas de savoir sur qui vous projetez tant que vous trouvez quelqu’un sur qui décharger votre culpabilité. Telle est, selon l’ego, la façon de se débarrasser de la culpabilité personnelle.

A ma connaissance une des meilleures descriptions du processus de projection se trouve dans l’Ancien Testament, dans le Lévitique, où il est dit aux enfants d’Israël ce qu’ils doivent faire à la fête de l’expiation ou Yom Kippur. Il leur est dit de se rassembler; au milieu du camp se tient Aaron qui, en tant que Grand Prêtre, est le médiateur entre le peuple et Dieu. A côté d’Aaron il y a une chèvre; Aaron met sa main sur la chèvre et transfère symboliquement sur le pauvre ani­mal tous les péchés que les gens ont accumulés pendant toute l’année. Ensuite ils chassent la chèvre hors du camp. Ce récit illustre parfaitement ce qu’est la projection et c’est de là bien sûr que vient l’expression « bouc émissaire ».

Ainsi nous prenons nos péchés et disons qu’ils ne sont pas en nous, qu’ils sont en vous. Puis nous mettons de la distance entre nous-mêmes et nos péchés. Comme personne ne veut être près de son état de péché, on l’enlève de l’intérieur de soi et on le place sur quelqu’un d’autre; ensuite on bannit cette personne-là de sa vie. Il y a essentiellement deux façons de le faire. L’une est de se séparer physiquement; l’autre est de se séparer psychologiquement. La séparation psychologique est la plus dévastatrice et aussi la plus subtile des deux.

La façon de se séparer de l’autre personne, une fois qu’on l’a accablée de nos péchés, c’est de l’attaquer ou de se mettre en colère contre elle. Toute expression de colère —que ce soit une moue de contrariété ou une rage intense (il n’y a aucune différence, ce sont toutes les mêmes [L-pI.21.2:3-5])— est toujours une tentative pour justifier la projection de notre cul­pabilité, quelle que soit la cause de ce qui a semblé provoquer cette colère. Le besoin de projeter notre culpabilité est à l’ori­gine de toute colère. Nous n’avons pas à être d’accord avec tout ce que disent ou ce que font les autres; cependant quand nous nous apercevons que nous réagissons avec colère, que nous jugeons ou critiquons, c’est toujours que nous avons vu en autrui quelque chose que nous avons nié en nous-même. Autrement dit nous projetons notre propre péché ou culpabi­lité sur une personne et nous l’attaquons en elle; mais alors nous ne l’attaquons pas en nous-même; nous l’attaquons chez cette autre personne que nous désirons alors éloigner de nous autant que possible. C’est notre péché que nous désirons éloi­gner de nous autant que possible.

Quand on lit l’Ancien Testament, spécialement le Lévitique, troisième livre de la Torah, il est intéressant de remarquer avec quelle précision les enfants d’Israël essayaient d’identifier les formes d’impureté autour d’eux et comment il leur fallait s’en tenir éloignés. Il y a des passages qui décrivent en détails ce qu’est l’impureté dans les qualités humaines, dans ses formes ou chez certaines personnes. Ensuite le livre explique com­ment les enfants d’Israël devaient s’en tenir séparés. Outre les raisons évoquées, une des significations fondamentales de ces enseignements était la nécessité psychologique d’arracher de soi sa propre impureté pour la placer sur autrui, puis de se séparer de cette personne.

Une fois cela compris, il est intéressant d’observer dans le Nouveau Testament comment Jésus réagissait là-contre. Il a accepté toutes les formes d’impureté, ainsi définies par ceux qui croyaient devoir absolument s’en distancer pour leur reli­gion. Il a tout fait pour accueillir les parias de la société tels que les définissait la loi juive, comme pour dire: « Vous ne pouvez projeter votre culpabilité sur les autres. C’est en vous-mêmes que vous devez l’identifier et la guérir. » Voilà pour­quoi l’évangile dit de nettoyer l’intérieur de la tasse et non l’extérieur; de ne pas voir la poutre qui est dans l’oeil du pro­chain, mais la paille qui est dans le sien; et ce n’est pas ce qui entre dans un homme qui le rend impur, mais ce qui vient de l’intérieur de lui. Ce qu’il dit est exactement la même chose que dans le Cours: la source de notre état de péché n’est pas à l’extérieur mais à l’intérieur de nous. Or la projection veut nous faire voir notre péché à l’extérieur de nous pour ensuite y résoudre le problème; ainsi, nous ne nous apercevons jamais vraiment que le problème est au-dedans de nous.

Quand nous nous tournons vers l’ego pour chercher de l’aide en disant: « Aide-moi à me débarrasser de ma culpabi­lité », l’ego répond: « D’accord. D’abord tu la réprimes puis tu la projettes sur les autres. Voilà la façon de t’en débarrasser. »

Ce que l’ego ne nous dit pas c’est qu’en projetant cette culpabilité, nous attaquons, ce qui est le meilleur moyen de la garder. L’ego n’est pas né d’hier et il veut nous maintenir coupables. Laissez-moi vous expliquer cette idée pendant un moment parce que c’est une des idées essentielles pour comprendre comment l’ego nous conseille.

Un Cours en Miracles parle de « l’attraction de la culpabi­lité » (T-1 9.1V-A.1 0-1 7). L’ego est très attiré par le sentiment de culpabilité et la raison en est évidente quand vous vous rappelez ce qu’est l’ego. La raison pour laquelle il conseille de réprimer et de projeter est la suivante: il n’est rien d’autre qu’une croyance, et cette croyance est la réalité de la sépara­tion. Il est le faux soi qui semble être apparu quand nous nous sommes séparés de Dieu. Aussi l’ego aura-t-il une fonction tant que nous croirons que la séparation est réelle. Une fois que nous croyons qu’il n’y a pas de séparation, l’ego est hors du coup. Comme le dit le Cours, l’ego et le monde qu’il a fabriqué disparaissent dans le néant dont ils sont venus (M-13.1:2). L’ego n’est réellement rien. Tant que nous croyons qu’il y a eu un péché originel, que le péché de sépa­ration est réel, nous disons que l’ego est réel. Ce qui nous enseigne que le péché est réel, c’est la culpabilité. C’est le sentiment de culpabilité qui nous fait dire: « J’ai péché. » La signification ultime du péché, c’est que je me suis séparé de Dieu. Donc tant que je crois que mon péché est réel, je suis coupable. Que je voie le péché en moi ou en quelqu’un d’autre, j’affirme toujours que le péché est réel et que l’ego est réel. Donc l’ego a tout intérêt à nous garder coupables.

Chaque fois que l’ego est confronté à l’état sans culpabi­lité, il l’attaquera parce que le plus grand péché contre le sys­tème de pensée de l’ego est d’être sans culpabilité. Si vous êtes sans culpabilité, vous êtes aussi sans péché, et si vous êtes sans péché, il n’y a pas d’ego. Il y a une ligne du texte qui dit: « Pour l’ego, les non-coupables sont coupables » (T-1 3.11.4:2), parce qu’être non-coupable c’est pécher contre le commande­ment de l’ego qui dit: « Tu seras coupable. » Si vous êtes sans culpabilité, vous êtes coupables de ne pas être coupables. Voilà, par exemple, pourquoi le monde a mis Jésus à mort. Il nous enseignait que nous sommes non-coupables et donc le monde a dû le tuer parce qu’il blasphémait contre l’ego.

L’objectif fondamental de l’ego est donc de nous garder coupables. Il ne peut cependant pas nous le dire car nous n’y prêterions aucune attention. Aussi l’ego nous dit-il que si nous faisons ce qu’il dit, nous nous libérerons de notre culpa­bilité. Et la façon de le faire, répétons-le, c’est de nier qu’elle est en nous, de la voir chez quelqu’un d’autre et ensuite d’attaquer cette personne. Ce sera sa façon de nous libérer de notre culpabilité. Ce qu’il ne nous dit pas, par contre, c’est que l’attaque est la meilleure façon de rester coupables. Cela est vrai parce que, comme le dit un autre axiome psychologi­que, chaque fois que vous attaquez quelqu’un, que ce soit dans votre esprit ou en réalité, vous vous sentirez coupables. Il n’est pas possible de blesser quelqu’un, que ce soit en pen­sée ou en action, et de ne pas se sentir coupable. Vous ne res­sentirez pas la culpabilité —par exemple les psychopathes ne ressentent pas de culpabilité— mais cela ne veut pas dire qu’à un niveau plus profond vous ne vous sentiez pas coupables.

Ce que l’ego fait alors, et qui est très malin, c’est d’établir un cycle de culpabilité et d’attaque dans lequel plus on se sent coupable, plus on a besoin de le nier en attaquant autrui. Mais plus nous attaquerons, plus nous nous sentirons coupables de l’avoir fait, parce qu’à un certain niveau nous reconnaîtrons avoir attaqué une personne pour de mauvaises raisons. Alors nous nous sentirons coupables et le cercle vicieux continuera. C’est ce cycle de culpabilité et d’attaque qui fait tourner le monde, et non l’amour. Quand on vous dit que c’est l’amour qui fait tourner le monde, c’est qu’on ne connaît pas grand chose à l’ego. L’amour appartient au monde de Dieu et il est possible de le refléter dans ce monde. Mais il n’y a pas de place pour l’amour dans ce monde. Il y a par contre de la place pour la culpabilité et l’attaque, dynamique qui est très présente dans notre propre vie, sur le plan individuel et collectif.

Le cycle attaque-défense

Un cycle secondaire s’établit, le cycle attaque-défense. Dès que je crois que je suis coupable et que je projette ma culpabilité sur vous en vous attaquant, je crois (à cause du principe que j’ai énoncé plus tôt) que ma culpabilité réclame un châtiment. Comme je vous ai attaqué, je croirai que je mérite d’être attaqué en retour. Peu importe que vous atta­quiez réellement ou non; ma propre culpabilité me fait croire que vous allez m’attaquer à votre tour; alors je croirai devoir me défendre contre votre attaque. De plus, comme j’essaie de Mer le fait que je suis coupable, je penserai qu’il n’y a aucune justification à votre attaque contre moi. Au moment où je vous attaquerai, je craindrai inconsciemment votre riposte et je penserai devoir m’y préparer. Aussi dois-je bâtir des défen­ses contre votre attaque. Tout ce que cela fera sera de vous donner peur et alors nous deviendrons partenaires en un échange où plus je vous attaque, plus vous avez à vous défen­dre contre moi en m’attaquant et j’aurai donc à me défendre à mon tour en vous attaquant et ainsi de suite (L-pI.153.2-3).

C’est cette dynamique, bien sûr, qui explique la démence de la course aux armes nucléaires. Elle explique aussi la démence que nous ressentons tous. Plus j’ai besoin de me défendre, plus je renforce le fait que je suis coupable. C’est un principe qui est très important à comprendre au sujet de l’ego et qui est probablement bien mieux exprimé par une phrase du texte: « Les défenses font ce qu’elles voudraient défendre » (T-17.IV.7:1). Toutes les défenses ont comme but de nous protéger ou de nous défendre contre notre peur. Si je n’avais pas peur, je n’aurais pas à me défendre, mais le seul fait d’avoir besoin de défenses me dit que je devrais avoir peur parce que si je n’avais pas peur, je n’aurais pas besoin de m’embarrasser de défenses. Le fait même que je me défends renforce le fait que je devrais avoir peur, et je devrais avoir peur parce que je suis coupable. Ainsi la chose même contre laquelle mes défenses sont supposées me protéger —ma peur—, elles la renforcent. Donc plus je me défends, plus je m’enseigne que je suis un ego: pécheur, coupable et craintif.

L’ego a beaucoup de tours dans son sac. Il nous convainc que nous avons à nous défendre, mais plus nous le faisons, plus nous nous sentons coupables. Il nous explique de plusieurs façons différentes comment nous défendre contre notre culpabilité. Mais la protection qu’il nous offre renforce notre culpabilité. Voilà pourquoi nous continuons à tourner en rond.

Il y a une très belle leçon du livre d’exercices qui dit: « Dans mon état sans défense se trouve ma sécurité » (L-pI.153). Si je veux vraiment savoir que je suis en sécurité et que ma vraie protection est Dieu, le meilleur moyen de le faire est de ne pas me défendre. C’est pourquoi nous lisons dans les évangiles qui racontent les derniers jours de Jésus qu’il ne s’est pas défendu du tout. Dès l’instant où on l’a arrêté, et pendant tout le temps où on se moquait de lui, où on le fouettait, le persécu­tait et même quand on l’a tué, il ne s’est pas défendu. Ce qu’il disait là c’était: « Je n’ai pas besoin de défenses. » Dans le livre d’exercices il est dit en effet: « Le Fils de Dieu n’a pas besoin de défense contre la vérité de sa réalité » (L-pI.135.26:8). Quand nous savons vraiment Qui nous sommes et Qui est notre Père, notre Père au Ciel, nous n’avons pas à nous proté­ger parce que la vérité n’a pas besoin de défense. Cependant, dans le système de l’ego, nous sentons que nous avons besoin de protection et que nous devons donc nous protéger. Ainsi ces deux cycles opèrent réellement de façon à faire continuer toute l’histoire de l’ego. Plus nous nous sentons coupables, plus nous attaquons. Plus nous attaquons, plus nous nous sen­tirons coupables. Plus nous attaquons, plus nous ressentirons le besoin de nous défendre contre la punition attendue ou la contre-attaque qui est en soi une attaque.

A la fin du second chapitre de la Genèse, Adam et Eve sont nus l’un en face de l’autre sans éprouver de honte. La honte n’est qu’un autre mot pour la culpabilité, et l’état sans honte est une expression de l’avant-séparation. Autrement dit il n’y avait pas de culpabilité parce qu’il n’y avait pas de péché. C’est au chapitre 3 qu’il est fait mention du péché originel; cela commence par Adam et Eve qui mangent du fruit défendu. C’est cet acte même qui constitue leur désobéissance envers Dieu et qui est réellement le péché. Autrement dit, ils se voient ayant une volonté séparée de celle de Dieu et capa­bles de choisir autre chose que ce que Dieu a créé. Encore une fois ce qui constitue la naissance de l’ego c’est de croire que le péché est possible. Alors Adam et Eve mangent du fruit et la première chose qu’ils font après, c’est de se regarder l’un l’autre et cette fois-ci, ils éprouvent de la honte et ils se cou­vrent. Ils mettent des feuilles de figuier sur leurs parties géni­tales, acte qui devient alors l’expression de leur culpabilité. Ils se rendent compte qu’ils ont péché et la nudité de leur corps devient le symbole de leur péché. C’est pourquoi ils doivent s’en défendre, exprimant ainsi leur culpabilité.

Ce qui se passe ensuite c’est qu’Adam et Eve entendent la voix de Dieu Qui les cherche; alors ils ont peur de ce que Dieu fera s’Il les attrape. Aussi se cachent-ils dans les buis­sons pour que Dieu ne les voie pas. C’est là qu’on voit le rap­port entre la croyance au péché — celle que nous pouvons nous séparer de Dieu — et la peur de ce qui arrivera quand Dieu nous attrapera et nous punira. Et, comme il est décrit au chapitre 3, Adam et Eve ont parfaitement raison parce que Dieu les punit. Ce qui est intéressant, c’est que quand Adam est finalement confronté par Dieu, il projette la culpabilité sur Eve en disant: « Ce n’est pas moi qui l’ai fait, c’est Eve qui me l’a fait faire. » (C’est toujours la femme qui trinque). Alors Dieu Se tourne vers Eve qui fait la même chose: « Ce n’est pas moi qui l’ai fait. Ne me blâme pas, c’était le serpent. » Par là nous voyons exactement ce que nous faisons pour nous défendre contre notre peur et notre culpabilité: nous projetons le blâme sur autrui.

Souvenez-vous de ce que j’ai dit plus tôt: la culpabilité réclamera toujours une punition. L’ego demandera qu’Adam et Eve soient punis à cause de leur péché; aussi quand Dieu les attrape, Il les punit par une vie remplie de peine et de souf­france depuis le moment de leur naissance jusqu’à la fin, qui est la mort. A la fin de la journée je parlerai de la façon dont Jésus dé-fait tout ce processus. En tous cas ce chapitre de la Genèse est un résumé parfait de toute la structure de l’ego: la relation qui existe entre le péché, la culpabilité et la peur.

Une des façons dont l’ego se défend contre la culpabilité est d’attaquer autrui et c’est ce que notre colère semble tou­jours faire: justifier la projection de notre culpabilité sur les autres. Il est extrêmement important de reconnaître l’investis­sement énorme que fait le monde —et par conséquent chacun de nous comme faisant partie du monde— dans la justification du fait que nous sommes en colère, parce que nous avons tous besoin d’un ennemi. Il n’y a personne au monde qui, à un niveau ou à un autre, ne revête pas le monde des attributs de bien et de mal. Nous séparons le monde et nous mettons cer­taines personnes dans la catégorie du bien et d’autres dans la catégorie du mal. La raison en est que nous avons un grand besoin de projeter notre culpabilité sur autrui. Nous avons besoin d’au moins une personne, d’une idée ou d’un groupe pour en faire notre bouc émissaire. C’est la source de tout préjudice et de toute discrimination. C’est ce gros besoin que nous avons, et qui est généralement inconscient, de trouver une personne dont nous puissions faire notre bouc émissaire afin d’échapper à notre propre culpabilité. Cela se passe depuis le début de la documentation de l’histoire. C’est le cas de tous les grands systèmes de pensée ou de toutes les règles de vie qui ont jamais existé dans le monde. Tout est toujours fondé sur la thèse qu’il y a des bons et des méchants.

Vous pouvez certainement le voir dans l’histoire du chris­tianisme. Dès son origine on s’est mis à séparer les bons des méchants: les Juifs qui croyaient en Jésus contre les Juifs qui ne croyaient pas en lui et parmi ceux qui croyaient en Jésus, il y avait ceux qui suivaient Pierre, Paul, Jacques etc., et l’Eglise s’est constamment sub-divisée depuis lors. Il en est ainsi à cause de notre besoin inconscient de trouver quelqu’un que nous puissions considérer comme différent de nous et inférieur à nous. Je répète qu’il est extrêmement important de voir l’investissement énorme que nous y avons mis. C’est pourquoi tout le monde applaudit au cinéma quand les bons l’emportent et que les mauvais perdent. Nous parta­geons le même intérêt à voir le méchant puni car nous croyons avoir ainsi échappé à nos péchés.

Les relations spéciales

Ce que j’ai décrit jusqu’à maintenant par les termes de colère et d’attaque n’est réellement que l’une des formes que prend la projection. C’est la forme la plus visible des deux formes d’attaque auxquelles le Cours fait allusion sous le nom de relations spéciales. L’idée de spécialisme (le fait de rendre spécial ou de devenir spécial) et la transformation de nos relations spéciales en relations saintes constituent les concepts les plus difficiles à comprendre dans le Cours et encore plus à vivre et à mettre en pratique.

Les relations spéciales se présentent sous deux formes: la première est la relation spéciale de haine —dont nous venons de parler—, celle où nous cherchons celui qui sera l’objet de notre haine afin de pouvoir échapper à sa vraie cause qui est nous-mêmes. La seconde forme est celle à laquelle le Cours fait allusion sous le nom de relation spéciale d’amour. C’est la plus puissante et la plus perfide, étant la plus subtile. Encore une fois il n’y a pas dans le Cours de concept plus dif­ficile à comprendre ni à appliquer à soi-même. Il n’est fait aucune mention de la relation spéciale dans le livre d’exerci­ces ni dans le manuel, et dans le texte elle n’apparaît qu’au chapitre 15; dans les 9 chapitres suivants, c’est presque la seule chose dont il soit question.

La raison pour laquelle l’amour spécial est si difficile à reconnaître et à résoudre est qu’il semble être quelque chose qu’il n’est pas. Il est très difficile de se cacher le fait que l’on est en colère contre quelqu’un. On peut le faire pendant un moment mais on ne peut pas maintenir cette illusion très longtemps. La relation spéciale d’amour est tout à fait diffé­rente. Elle semble toujours être ce qu’elle n’est pas. C’est vraiment le phénomène le plus tentant et le plus trompeur du monde. Elle suit pratiquement les mêmes principes que la haine spéciale mais sous une forme différente. Nous essayons de nous débarrasser de notre culpabilité en la voyant chez quelqu’un d’autre. Ce n’est réellement qu’un léger voile sur de la haine. Cette haine, je le répète, est celle que nous res­sentons envers nous-mêmes et que nous essayons de rejeter sur un autre afin de ne pas la ressentir. Maintenant je voudrais présenter en termes généraux ses trois modes d’opération et montrer comment, sous prétexte de nous sauver de notre cul­pabilité, par « l’amour » ce que l’ego est réellement en train de faire, c’est de renforcer la culpabilité par la haine.

Permettez-moi de vous décrire d’abord ce qu’est la rela­tion spéciale d’amour et ensuite nous discuterons de la façon dont elle opère. Vous vous rappellerez qu’au début, quand je vous ai parlé de la culpabilité et de toutes ses dénominations, j’ai dit que nous croyons avoir en nous quelque chose qui fait défaut, qui manque. C’est ce que le Cours signifie quand il parle du principe de pénurie qui se trouve en fait à la base de toute la dynamique de l’amour spécial.

Ce que dit le principe de pénurie c’est qu’il y a quelque chose qui manque au-dedans de nous. Quelque chose est resté insatisfait, incomplet. A cause de ce manque nous avons cer­tains besoins. Cela constitue une partie importante de toute l’expérience de culpabilité. Encore une fois nous nous tour­nons vers l’ego en criant: « Au secours! Le sentiment de mon néant ou de mon vide ou du manque de quelque chose, est absolument intolérable; il faut que tu fasses quelque chose. »

L’ego répond: « D’accord, voilà ce que nous allons faire. » Et l’ego commence par nous gifler en pleine figure en disant: « Oui, tu as tout à fait raison; tu n’es qu’une abjecte créature et rien ne peut changer le fait que tu n’as pas ou qu’il te manque ce dont tu as un besoin vital. » Bien sûr l’ego ne nous dit pas que c’est Dieu Qui nous manque car s’il nous le disait, nous choisirions Dieu et il cesserait d’exister. L’ego dit que quel­que chose de fondamental manque en nous et que rien ne peut y remédier. Il ajoute cependant que nous pouvons faire quel­que chose pour soulager la douleur que nous cause ce man­que. Comme il est vrai que rien ne peut combler ce vide énorme en nous, nous pouvons chercher à l’extérieur de nous quelqu’un ou quelque chose capable de compenser ce qui manque en nous.

En gros ce que dit l’amour spécial c’est que j’ai certains besoins spécifiques que Dieu ne peut pas satisfaire parce que, encore une fois, j’ai fait inconsciemment de Dieu mon ennemi et ce n’est pas donc vers le vrai Dieu que je me tourne pour trouver de l’aide à l’intérieur du système de pensée de l’ego. Mais que je te trouve, toi, personne spéciale dotée de certaines qualités ou de certains attributs, et j’aurai décidé que tu réponds à mes besoins spéciaux. Voilà d’où vient l’expression « relations spéciales ». Mes besoins spéciaux seront satisfaits par certaines qualités spéciales en toi, ce qui fait de toi une per­sonne spéciale. Quand tu satisferas les besoins spéciaux que je me suis fixés, je t’aimerai. Et quand je pourrai satisfaire cer­tains besoins spéciaux que tu auras, alors tu m’aimeras. Du point de vue de l’ego, c’est un mariage béni des cieux.

C’est pourquoi ce que le monde appelle amour est réelle­ment du spécialisme, lequel est une grosse déformation de l’amour tel que le verrait le Saint-Esprit. Un autre mot pour décrire le même genre de dynamique est la dépendance. Je deviens dépendant de toi pour satisfaire mes besoins et je te rendrai dépendant de moi pour satisfaire les tiens. Tant que nous faisons cela tous les deux, tout va bien. Voilà essentiel­lement ce qu’est le spécialisme. L’intention est de compenser ce qui paraît manquer en soi en se servant de quelqu’un qui comblerait le vide. C’est avec les gens que nous faisons cela de la façon la plus évidente et la plus destructrice. Cependant nous pouvons aussi le faire avec des substances et des choses. Par exemple l’alcoolique essaie de remplir un vide en lui — ou en elle — en ayant une relation spéciale avec la bouteille. Les gens qui abusent de la nourriture font la même chose. Les gens qui ont la manie d’acheter des vêtements, d’accumuler des fortunes, d’acquérir des tas de choses ou de chercher une position dans le monde, tout cela c’est la même chose. C’est tenter de compenser le sentiment de dégoût de soi-même par une action extérieure qui nous fera nous sentir bien. Vers la fin du texte il y a un très beau passage qui dit: « Ne cherche pas à l’extérieur de toi » (T-29.VIII). C’est toujours une idole que nous cherchons à l’extérieur de nous, et elle se définit comme un substitut à Dieu. Or Dieu seul peut satisfaire tout besoin. Ce que fait le spécialisme, c’est de servir les fins de l’ego en semblant nous protéger de notre culpabilité alors qu’en fait il la renforce. Il s’y prend de trois façons principa­les que je vais résumer maintenant.

La première façon, c’est qu’ayant un besoin spécial que tu viens satisfaire, je ferai de toi le symbole de ma culpabilité. (Je parle maintenant dans le contexte de l’ego. Ne nous occu­pons pas du Saint-Esprit pour l’instant). Ce que je fais, c’est de t’associer à ma culpabilité parce que le seul objectif que j’ai donné à ma relation et à mon amour pour toi c’est de ser­vir à satisfaire mes besoins. Donc, alors qu’à un niveau cons­cient je fais de toi un symbole d’amour, à un niveau inconscient ce que j’ai réellement fait de toi c’est le symbole de ma culpabilité. Si je n’avais pas cette culpabilité, je n’aurais aucun besoin de toi. Le fait même que j’ai ce besoin de toi me rappelle inconsciemment que je suis réellement coupable. Voilà donc la première façon: l’amour spécial ren­force la culpabilité dont il essaie de se protéger. Plus tu deviens important(e) dans ma vie, plus tu me rappelleras que la vraie utilité que tu as dans ma vie est de me protéger de ma culpabilité, ce qui renforce le fait que je suis coupable.

Pour nous aider à comprendre ce processus, imaginons que notre esprit est un bocal qui contient toute notre culpabi­lité. Ce que nous désirons par dessus tout, c’est garder cette culpabilité à l’intérieur de ce bocal sans rien en savoir. Cher­cher un partenaire spécial, c’est chercher quelqu’un qui puisse servir de couvercle à ce bocal. Nous désirons qu’il le ferme hermétiquement. Tant que le couvercle fermera bien le bocal, ma culpabilité ne pourra pas émerger dans ma cons­cience et donc je n’en saurai rien; elle restera dans mon inconscient. Le fait même que j’ai besoin de toi pour servir de couvercle à mon bocal me rappelle qu’il y a quelque chose de terrible que je détesterais voir s’échapper ou se répandre. Encore une fois le fait même que j’ai besoin de toi me rap­pelle inconsciemment que j’ai toute cette culpabilité.

La seconde façon dont l’amour spécial renforce la culpa­bilité se fait par le « syndrome de la mère juive ». Qu’est-ce qui arrive quand une personne qui jusque-là remplissait tous mes besoins, se met soudain à changer et ne répond plus exactement à mes besoins de la même façon qu’auparavant? Les êtres humains ont le talent infortuné de changer et de grandir; ils ne restent pas figés comme on le souhaiterait. Cela signifie que quand la personne commence à changer (elle n’a plus besoin de moi de la façon dont elle avait besoin de moi au début), le couvercle du bocal commence à se dévis­ser. Mes besoins spéciaux ne sont plus satisfaits sous la forme que j’avais demandée. Quand le couvercle se devise, ma cul­pabilité dévisse monte soudain à la surface pour s’échapper et devient menaçante. La culpabilité qui s’échappe de ce bocal signifie ma prise de conscience de l’horrible chose que je crois être. Et c’est cette expérience que je voudrais éviter le plus au monde.

Dans un passage de l’Exode, Dieu dit à Moïse: « Personne ne peut regarder ma face et vivre. » Nous pouvons déclarer la même chose au sujet de la culpabilité: personne ne peut regarder la face de la culpabilité et vivre. L’expérience qui consisterait à confronter l’horreur que nous croyons être serait si épouvantable que nous ferions n’importe quoi au monde pour l’éviter. Aussi, quand le couvercle se desserre et que ma culpabilité commence à bouillonner à la surface, je me mets à paniquer parce que tout d’un coup je suis confronté par tous ces horribles sentiments que j’ai à mon sujet. Mon but est donc très simple: revisser ce couvercle aussi vite que possible. Cela signifie que je désire que tu retournes là où tu étais auparavant. Le moyen le plus efficace au monde de con­traindre une personne à faire ce qu’on veut, c’est de la rendre coupable. Si vous voulez qu’une personne fasse ce que vous voulez, faites-la se sentir vraiment coupable et elle fera ce que vous désirez. Personne n’aime se sentir coupable.

La manipulation par la culpabilité est la marque typique de la mère juive. Ceux qui ne sont pas juifs en sont tout aussi conscients. Que vous soyez italien, irlandais, polonais ou autre chose, c’est toujours le même système parce que ce syn­drome est universel. J’essaierai de vous faire sentir coupable en vous disant quelque chose comme ça: « Qu’est-ce qui t’est arrivé? Toi qui étais si gentil, affectueux, sensible, doux, décent, attentionné et compatissant, regarde-toi! Regarde combien tu as changé! Maintenant tu t’en fiches complète­ment. Tu es égoïste, tu ne penses qu’à toi, tu es complètement indifférent » et ainsi de suite. Tout ce que j’essaie vraiment de faire c’est de te faire sentir coupable pour que tu redeviennes comme tu étais auparavant. Tout le monde en est conscient, n’est-il pas vrai? 

Alors, si tu joues au même jeu de culpabilité que moi, tu feras ce que je veux et ensuite le couvercle se refermera et je t’aimerai comme avant. Si tu ne joues plus ce jeu-là, je me mettrai vraiment en colère contre toi et mon amour se trans­formera très rapidement en haine (ce que c’était tout le temps). On déteste toujours celui dont on dépend pour les raisons que j’ai énumérées dans le premier exemple, parce que la personne dont on dépend force à se souvenir de sa pro­pre culpabilité et on déteste cela. Alors, par association, on déteste la personne soi-disant aimée. Le second exemple le montre bien. Quand vous ne répondrez plus à mes besoins comme je le désire, je commencerai à vous détester. La rai­son pour laquelle je vous détesterai est que je trouve impossi­ble de confronter ma propre culpabilité. Cela s’appelle la fin de la lune de miel. Cela semble arriver de plus en plus tôt ces jours-ci.

Quand les besoins spéciaux ne sont plus satisfaits comme ils l’étaient au début, l’amour se change en haine. Ce qui arrive quand l’autre personne dit qu’elle ne servira plus de couvercle à votre bocal est évident. Je trouve quelqu’un d’autre. Le livre d’exercices le dit bien dans une des leçons: « Un autre peut être trouvé » (L-pI.170.8:7), et assez facile­ment. Alors la même dynamique se poursuit d’une personne à une autre. Vous pouvez la répéter à perpétuité ou vous finis­sez par vous occuper de votre vrai problème qui est celui de votre culpabilité.

C’est en abandonnant cette culpabilité que vous pourrez vous engager dans une relation différente. Ce sera l’amour tel que le conçoit le Saint-Esprit. Jusque-là et tant que votre seul but sera de dissimuler votre culpabilité, vous ne ferez que chercher d’autres couvercles pour votre bocal. Le monde coopérera toujours à trouver des gens qui satisferont ce besoin. Tout ce que nous ferons, ce sera de nous engager dans une série de relations spéciales, les unes après les autres, pro­cessus que le Cours décrit en détails assez pénibles.

La troisième façon dont le spécialisme dissimule la haine et la culpabilité sous couvert d’amour, concerne les deux rela­tions de haine et d’amour. Chaque fois que l’on se sert d’une personne pour satisfaire ses besoins, on ne la voit pas réelle­ment pour ce qu’elle est; on ne voit pas vraiment le Christ en elle. Il est plus intéressant de la manipuler pour qu’elle réponde à nos besoins. Nous ne la considérons pas réellement pour la lumière qui brille en elle; nous la considérons pour la forme particulière de ténèbres qui correspondra le mieux à notre forme particulière de ténèbres. Chaque fois que nous nous servons d’une personne ou que nous la manipulons pour satisfaire nos propres besoins, nous l’attaquons parce que nous attaquons sa vraie identité de Christ et nous la voyons comme un ego, ce qui renforce l’ego en nous. L’attaque est toujours haine, aussi doit-elle nous faire sentir coupables.

Voilà donc les trois façons dont l’ego renforce la culpa­bilité, même s’il déclare agir différemment. C’est pourquoi le Cours décrit la relation spéciale comme le foyer de la culpabilité.

Encore une fois ce qui fait de l’amour spécial une défense si efficace et si ravageuse du point de vue de l’ego, c’est qu’il semble être quelque chose qu’il n’est pas. Il semble être si beau, si plein d’amour, si saint au premier abord. Mais il change bien vite à moins qu’on ne dépasse son apparence pour arriver au problème fondamental qu’est notre culpabilité.

Dans le texte il y a un passage très important qui est inti­tulé: « Les deux tableaux » (T-17.IV); il décrit la différence qui existe entre le tableau de l’ego et celui du Saint-Esprit. Le tableau de l’ego est l’amour spécial: c’est un tableau de cul­pabilité, de souffrance et finalement de mort. Ce n’est pas le tableau que l’ego désire que nous voyons car, encore une fois, si nous savions vraiment ce que l’ego manigance, nous ne voudrions pas y prêter attention. Aussi l’ego met-il le tableau dans un très beau cadre tout orné, étincelant de dia­mants et débordant de rubis et de toutes sortes de pierres pré­cieuses. Séduits par le cadre ou par les bons sentiments que le spécialisme prétend nous offrir, nous ne nous rendons pas compte que le cadeau réel est la culpabilité et la mort. Ce n’est qu’en regardant le cadre de plus près que nous nous apercevons que les diamants sont réellement des larmes et que les rubis sont des gouttes de sang. Voilà ce qu’est l’ego. C’est un passage extrêmement puissant. Par contre le tableau du Saint-Esprit est tout à fait différent. Le cadre en est très léger et tombe pour nous faire voir le vrai don, qui est l’Amour de Dieu.

Il y a une autre qualité très importante qui indiquera à coup sûr si vous êtes engagé(e) dans une relation spéciale ou dans une relation sainte. Ce sera votre attitude envers les autres. Si vous vous êtes engagé dans une relation spéciale, elle sera exclusive. Il n’y aura de place pour personne d’autre. La raison en est évidente une fois que vous vous rendez compte de la façon dont opère l’ego: si je fais de vous mon sauveur et que c’est de ma culpabilité que vous me sauvez, alors votre amour pour moi et l’attention dont vous m’entou­rez doivent me sauver de ma culpabilité que j’essaie de cacher. Si par contre votre intérêt se porte ailleurs — que ce soit sur une personne ou une activité —, je ne recevrai pas cent pour cent de votre attention. Je recevrai d’autant moins d’attention ou d’intérêt que vous vous les placerez sur autre chose ou sur quelqu’un d’autre. Tout cela veut dire que si je ne reçois pas cent pour cent de votre intérêt, le couvercle de mon bocal commencera à se dévisser. C’est l’origine de toute jalousie. Voilà pourquoi les gens deviennent jaloux et sentent que leurs besoins spéciaux ne sont plus satisfaits de la façon dont ils l’espéraient.

Si donc vous aimez quelqu’un en plus de moi, je recevrai moins d’amour de vous. Pour l’ego l’amour se mesure. Il n’y en a qu’une certaine quantité; quand j’aime celui-ci, je ne peux pas aimer autant celui-là. Pour le Saint-Esprit l’amour est qualitatif et inclut tout le monde. Cela ne veut pas dire que nous aimons tout le monde exactement de la même façon; cela n’est pas possible en ce monde. Cela veut dire cependant que la source de l’amour est la même pour tous; l’amour est le même mais les moyens d’expression varient.

J’« aimerai » mes parents « plus » que je n’aimerai les parents de quelqu’un d’autre dans la pièce, non en qualité mais en quantité. L’amour sera au fond le même mais, bien sûr, il s’exprimera de façon différente. Ce n’est pas que j’aime moins vos parents parce que j’aime les miens ou bien que mes parents sont meilleurs que les vôtres. Cela veut dire que ces personnes soient celles que j’ai choisies car ma relation avec elles m’apprendra à pardonner et me permettra ainsi de nie souvenir de l’Amour de Dieu. Cela ne veut pas dire que vous devez vous sentir coupable d’entretenir une relation plus intime avec certaines personnes qu’avec d’autres. Il y a des exemples dans les évangiles qui illustrent bien que Jésus était plus proche de ses disciples que des gens qui le suivaient. Non qu’il ait moins aimé ces gens-là, mais l’expression de son amour était plus intime et plus profonde avec certaines personnes qu’avec d’autres.

Dans une relation sainte, aimer une personne ne signifie pas exclure les autres; on n’aime pas aux dépens de quelqu’un d’autre. L’amour spécial se donne toujours aux dépens de quelqu’un d’autre. C’est toujours un amour fondé sur la comparaison, où certaines personnes sont comparées à d’autres; il manque quelque chose à certains, d’autres sont acceptables. L’amour de ce monde n’est pas comme cela. Vous reconnaissez que certaines personnes vous ont été « données » et que vous les avez choisies pour pouvoir appren­dre et enseigner certaines leçons; cela ne rend pas cette per­sonne meilleure ou pire qu’une autre. Encore une fois on peut toujours distinguer une relation spéciale d’une relation sainte par son degré d’exclusion des autres.

Chapitre 4

L’ETAT D’ESPRIT JUSTE:
LE SYSTEME DE PENSEE DU SAINT-ESPRIT

Dans un beau passage d’Un Cours en Miracles, Jésus dit qu’il a préservé toutes nos pensées aimantes et qu’il les a purifiées de toutes erreurs (T-5.IV.8:3-4). Tout ce qu’il nous demande, si nous voulons en faire notre réalité, c’est d’accep­ter le fait qu’il en est ainsi. Nous ne pourrons le faire tant que nous nous accrocherons à notre culpabilité. Je vais parler maintenant du moyen parfait que nous offre le Saint-Esprit pour nous défaire de toute cette culpabilité.

Colère—pardon

Le Saint-Esprit est très malin. Aussi malin que l’ego pense être, le Saint-Esprit l’est encore un peu plus. Il utilise la même dynamique de projection que l’ego a employée pour nous crucifier et pour nous garder dans la prison de culpabi­lité et Il renverse les rôles. Pensez à la projection comme à un projecteur de cinéma; imaginez que je sois ce projecteur et que je repasse sans cesse mon propre film de culpabilité. Ce que je fais c’est de peupler tout mon monde de ma propre cul­pabilité. Je projette la culpabilité de mon film sur les écrans de toutes ces personnes-là et ensuite je vois mon propre péché et ma propre culpabilité chez les autres.

La raison de cet acte c’est, encore une fois, que je suis la logique de l’ego, laquelle dit que c’est la manière de se débar­rasser de la culpabilité. Or il m’est impossible de résoudre ma culpabilité tout seul. Il m’est impossible de regarder la culpa­bilité en face et de continuer à vivre: c’est une pensée trop accablante. Aussi la chose même dont s’est servi l’ego pour m’attaquer en renforçant ma culpabilité sous prétexte de la faire disparaître — ce mécanisme même qui consiste à placer ma culpabilité à l’extérieur de moi — me donne aussi l’occa­sion de la faire disparaître. Le fait de voir en vous la culpabi­lité que je ne peux confronter en moi-même me fournit l’occasion de la faire disparaître. Voilà ce qu’est le pardon, purement et simplement. Le pardon est le processus qui dé­fait la projection de la culpabilité.

Encore une fois, le fait même de projeter la culpabilité que je ne peux confronter et dont je me libère intérieurement en la projetant sur l’écran qui est vous, me fournit l’occasion de la regarder en déclarant que maintenant je la vois différemment. Les péchés et la culpabilité que j’ignore et que je pardonne chez vous sont en réalité ceux-là même dont je me sens res­ponsable. Disons en passant que cela se rapporte au contenu du péché, non à sa forme, ce qui est tout à fait différent. Vous le pardonner, c’est vraiment me le pardonner. Voilà l’idée-maîtresse de tout le Cours. Voilà ce que signifient tous ces mots. Nous projetons notre culpabilité sur quelqu’un d’autre et, quand nous choisissons de regarder cette personne de la façon dont le Saint-Esprit voudrait que nous le fassions — par la vision du Christ —, nous pouvons alors changer ce que nous pensons de nous-mêmes.

Ce que j’ai fait, c’est de projeter mes propres ténèbres sur vous afin d’obscurcir la lumière du Christ en vous. En déci­dant de dire que vous n’êtes pas dans les ténèbres — que vous êtes vraiment dans la lumière, ce qui est la décision de laisser disparaître les ténèbres que j’ai placées sur vous — je dis précisément la même chose à mon sujet. Je dis que la lumière du Christ brille non seulement en vous mais aussi en moi. En fait c’est la même lumière. Cela c’est le pardon.

Tout cela signifie que nous devrions éprouver de la grati­tude pour toutes les personnes qui sont dans notre vie, surtout celles qui nous donnent le plus de problèmes. Les personnes que nous détestons le plus, celles que nous trouvons le plus désagréables, celles qui nous rendent mal à l’aise, sont celles que le Saint-Esprit nous a « envoyées » et dont Il peut Se servir pour nous montrer que nous pouvons faire un autre choix au sujet de la personne sur qui nous avons d’abord été tentés de projeter notre culpabilité. Si ces personnes n’étaient pas sur l’écran et le film de notre vie, nous ne saurions pas que cette culpabilité est réellement en nous. Alors nous n’aurions aucune chance de la faire disparaître. Notre seule chance de pardonner notre culpabilité et de nous en libérer, c’est de la voir chez quelqu’un d’autre et là de la pardonner. En la par­donnant chez autrui, nous la pardonnons en nous-mêmes. Encore une fois, la totalité et la substance d’Un Cours en Miracles se trouvent dans ces quelques lignes.

Il est possible de résumer le pardon en trois étapes fonda­mentales. La première étape, c’est de reconnaître que le pro­blème ne se trouve pas là-bas sur mon écran. Le problème se trouve en moi-même, sur mon film. La première étape dit que ma colère n’est pas justifiée, même si elle me dit que le pro­blème se trouve à l’extérieur de moi en vous, et que vous devez changer pour que moi je n’aie pas à changer. Ainsi la première étape dit que le problème n’est pas à l’extérieur, le problème est plutôt au-dedans de moi. La raison pour laquelle cette étape est si importante est que Dieu a placé la Réponse au problème de séparation au-dedans de nous; le Saint-Esprit n’est pas à l’extérieur de nous, le Saint-Esprit est à l’intérieur de nous, dans notre esprit. En soutenant que le problème est à l’extérieur de nous, fait typique de la projection, nous rete­nons le problème éloigné de sa solution. C’est précisément ce que veut l’ego parce que si le problème de l’ego est résolu par le Saint-Esprit, il n’y a plus d’ego.

Aussi l’ego est-il très sournois et très astucieux en nous faisant croire que le problème se trouve à l’extérieur de nous, dans une autre personne — nos parents, nos professeurs, nos amis, notre conjoint, nos enfants, notre président —, dans la bourse, le temps, ou dans Dieu Lui-même. Nous sommes tous experts à voir le problème là où il n’est pas de façon à en rete­nir la solution séparée. Deux leçons du livre d’exercices l’illustrent bien; ce sont les leçons 79 et 80 : « Puisse-je recon­naître le problème pour qu’il puisse être résolu » et « Puisse-je reconnaître que mes problèmes ont été résolus. » Il n’y a qu’un seul problème, celui de croire à la séparation, qui est le problème de la culpabilité, et ce problème est toujours à l’intérieur, pas à l’extérieur. La première étape du pardon, je le répète, c’est d’admettre que le problème n’est pas en toi, qu’il est en moi; que la culpabilité n’est pas en toi, qu’elle est en moi. Le problème n’est pas sur l’écran où je l’ai pro­jeté. Il est plutôt sur le film au-dedans de moi et c’est un film de culpabilité.

Maintenant venons-en à la deuxième étape, celle qui est la plus difficile et que nous ferions tout au monde pour éviter: confronter ce qu’est le film, lequel est notre culpabilité. C’est pourquoi, encore une fois, nous avons tout intérêt à justifier et à garder la colère et l’attaque ainsi qu’à voir le monde scindé entre le bien et le mal. Tant que nous faisons cela, nous n’avons pas à nous occuper de cette deuxième étape qui est de regarder notre propre culpabilité et tous nos sentiments de haine envers nous-même.

A la première étape, je dis que ma colère est une décision que j’ai prise pour projeter ma culpabilité. Maintenant à la deuxième étape, je dis que cette culpabilité représente une décision. Elle représente la décision de me voir coupable plu­tôt que sans culpabilité. Je dois reconnaître que je suis un Fils de Dieu et non le fils de l’ego, que ma vraie demeure n’est pas en ce monde mais en Dieu. Cela, nous ne pouvons le faire jusqu’au moment où nous regardons notre culpabilité en nous disant que ce n’est pas ce que nous sommes réellement. Il nous est impossible de le dire avant d’avoir regardé autrui en déclarant: « Tu n’es pas ce que j’ai fait de toi; tu es réellement ce que Dieu a créé. »

Certains des passages les plus marquants du Cours décri­vent bien l’aspect terrifiant de cette étape. Une fausse con­ception que se font souvent les lecteurs d’Un Cours en Miracles, surtout les premières fois qu’ils examinent le Cours, c’est de penser qu’il est facile. On peut s’y méprendre si on ne fait pas attention. A un niveau il parle de sa simpli­cité; il dit que nous sommes tous réellement chez nous en Dieu, tout en rêvant d’exil (T-10.I.2:1); que tout cela dispa­raîtra en un instant si nous changeons d’esprit (passer de l’esprit faux à l’esprit juste), etc. Ce qui se passe, c’est qu’en lisant ces passages nous oublions tous ceux qui parlent de la terreur que cause ce processus, du malaise, de la résistance, du conflit que nous ressentirons lorsque nous commencerons à passer par les étapes qui consistent à con­fronter notre culpabilité.

Personne ne peut faire disparaître l’ego sans confronter sa propre culpabilité et sa propre peur parce que c’est l’ego même. Jésus a dit dans l’évangile: « A moins de prendre votre croix et de me suivre, vous ne pouvez pas être mes disci­ples. » C’est de cela qu’il parlait. Prendre sa croix, c’est faire face à sa propre culpabilité et à sa peur en transcendant l’ego. Il est impossible que quelqu’un passe par ce processus sans difficulté ni sans douleur. Pourtant ce n’est pas ce que Dieu veut pour nous; c’est ce que nous voulons. Nous sommes ceux qui avons fabriqué la culpabilité, donc, avant de la faire disparaître, il faut que nous la regardions, et cela peut être très douloureux. Il y a deux endroits en particulier — les leçons 170 et 196 (L-pI.170; L-pI.196.9-12) — qui décrivent ce processus et l’immense terreur qu’il provoque. « Les deux mondes » (T-18.IX.3) parle également de l’apparente terreur par laquelle nous avons à passer et de la terreur qui consiste à confronter la peur de Dieu, dernier obstacle à la paix, là où notre culpabilité est le plus profondément ensevelie.

Donc, la deuxième étape consiste réellement à bien vou­loir regarder notre culpabilité en admettant que nous l’avons fabriquée et qu’elle ne représente aucun don de Dieu ruais bien notre décision de nous voir tels que Dieu ne nous a pas créés. Cela revient à se voir comme un enfant de la culpabi­lité plutôt que comme un enfant de l’Amour. Un Cours en Miracles souligne bien que, comme c’est nous qui avons fabriqué la culpabilité, ce n’est pas nous qui pouvons la dé­faire. Nous avons besoin d’une aide extérieure à l’ego pour cela. Cette aide est le Saint-Esprit. Notre seul choix est d’inviter le Saint-Esprit à corriger le système de pensée de l’ego et à nous enlever ainsi toute culpabilité. Cela constitue la troisième étape. La seconde étape, en fait, c’est de dire au Saint-Esprit: « Je ne désire plus me considérer comme coupa­ble; je Vous en prie, enlevez-moi cette idée. » La troisième étape est celle du Saint-Esprit; Il enlève tout simplement la culpabilité parce qu’en fait Il l’a déjà enlevée. Notre seul pro­blème, c’est de l’accepter.

Répétons donc les trois étapes: la première étape dé-fait la colère projetée en déclarant que le problème n’est pas à l’exté­rieur de moi, qu’il est en moi. La seconde étape dit que c’est moi qui ai fabriqué le problème au-dedans de moi et que je n’en veux plus. Nous arrivons alors à la troisième étape quand nous la présentons au Saint-Esprit et qu’Il nous en décharge.

Ces étapes nous paraissent très simples mais avec de la chance, il vous faudra une vie pour les passer. Il ne faut pas croire que cela arrivera d’un jour à l’autre. Quelques personnes espèrent magiquement qu’en étudiant le livre d’exercices en un an, elles se retrouveront dans le Royaume. C’est très bien jusqu’à ce qu’elles arrivent à la fin du livre d’exercices et qu’elles lisent: « Ce cours est un commencement et non une fin » (L-pII.ep.1:1). Le but du livre d’exercices est de nous mettre sur le bon chemin, de nous mettre en contact avec le Saint-Esprit pour agir désormais avec Lui. Le travail qui con­siste à dé-faire notre culpabilité prend toute une vie parce que la culpabilité qui est en nous est énorme, et si nous devions la confronter en une seule fois, nous serions accablés et con­vaincus qu’elle va nous frapper à mort ou que nous allons devenir fous. C’est pourquoi nous devons nous la traiter quel­ques morceaux à la fois. Les diverses expériences et les cir­constances qui composent notre vie peuvent être utilisées comme des parties du plan du Saint-Esprit, qui de nous con­duire de la culpabilité à l’état sans culpabilité.

Un Cours en Miracles parle fréquemment de faire gagner du temps. De fait il dit plusieurs fois qu’il nous fera gagner mille ans si nous faisons ce qu’il dit (e.g., T-111.6:7). Dans l’illusion temporelle du monde, nous parlons d’une quantité de temps considérable. Je souligne ceci parce que je ne veux pas que vous vous sentiez coupables si vous rencontrez des problèmes en travaillant avec le Cours. Le but réel au niveau pratique du Cours n’est pas d’être sans problèmes mais de reconnaître ce qu’ils sont et ensuite de reconnaître en nous les moyens de les résoudre.

Je répète que le but d’Un Cours en Miracles est bien clai­rement de présenter le système de pensée de l’ego et celui du Saint-Esprit — notre état d’esprit faux et notre état d’esprit juste — et de nous rendre ainsi capables d’opter contre l’état d’esprit faux et en faveur du pardon et du Saint-Esprit. C’est un processus très lent qui demande beaucoup de patience. Personne n’échappe à sa culpabilité en un jour. Les gens qui disent avoir transcendé leur ego ne l’ont probablement pas fait. S’ils l’avaient vraiment fait, ils n’en parleraient même pas parce qu’ils seraient au-delà de ça.

Que je dise maintenant spécifiquement la façon dont tout cela fonctionne. Et nous voyons là comment Jésus et le Saint-Esprit nous conseilleraient de réagir dans les situations qui se présentent dans notre vie. Disons par exemple que je suis assis ici, en train d’essayer de m’occuper des affaires de mon Père lorsque quelqu’un entre en m’insultant ou en me jette quelque chose à la figure. Supposons qu’étant assis là, je ne sois pas dans mon état d’esprit juste. Autrement dit, je crois que je suis avec l’ego. J’ai peur, je me sens coupable et je ne crois pas que Dieu soit avec moi; je n’ai pas de sentiments très positifs à mon égard. Or vous entrez à ce moment-là et vous vous mettez à crier et à vous emporter contre moi, en m’accusant de toutes sortes de choses. A un certain niveau je croirai qu’à cause de ma culpabilité, votre attaque contre moi est justifiée. Cela n’a rien à voir avec ce que vous dites ou ne dites pas ni si c’est vrai ou non. Le fait même que je me sens déjà coupable m’oblige à croire que je dois être puni et atta­qué. Quand vous entrez, vous faites exactement ce que je crois qu’il doit m’arriver. Cela aura deux effets: d’abord votre attaque contre moi renforcera la culpabilité que je res­sens déjà. Ensuite elle renforcera la culpabilité que vous res­sentez également parce que vous ne m’attaqueriez pas si vous n’étiez pas déjà coupable. Votre attaque contre moi renfor­cera votre propre culpabilité.

En une telle circonstance, je ne vais pas simplement rester là à accepter votre attaque en m’aplatissant. Je ferai l’une de deux choses, lesquelles sont exactement les mêmes. J’irai pleurer dans mon coin en vous faisant bien remarquer que vous me traitez fort mal, que vous me causez beaucoup de peine et je vous ferai voir ma misère en vous en faisant sentir responsable. Le message que je vous adresserais serait le sui­vant: je souffre maintenant de l’horrible chose que vous venez de me faire. C’est ma façon de vous dire que vous devriez vous sentir extrêmement coupable de ce que vous avez fait. Une autre façon de faire la même chose est de vous attaquer à mon tour. Je vous traiterai de tous les noms en disant: « De quel droit m’insultez-vous ainsi? C’est vous qui êtes le misérable etc... »

Ces deux défenses constituent en fait les moyens de vous faire éprouver de la culpabilité pour vos actions envers moi. Et cela même constitue de ma part une attaque dont je me sen­tirai coupable ; le fait que je vous charge de culpabilité, vous qui vous sentez déjà coupable, va renforcer votre culpabilité. Au moment où votre culpabilité s’unit à la mienne, elles se renforcent en chacun de nous et nous condamnent d’autant plus à la prison de culpabilité dans laquelle nous vivons.

Maintenant supposons que vous entriez en m’insultant; mais cette fois-ci, je suis dans l’état d’esprit juste et je me sens bien. Je sais que Dieu est avec moi, que Dieu m’aime et qu’à cause de cela, rien ne peut me faire de mal. Peu importe ce que vous me faites, je sais que Dieu est avec moi, je sais que je suis en parfaite sécurité. Peu importe ce que vous dites; même si c’est vrai sur un certain plan, je sais que plus profondément, cela ne peut être vrai parce que je sais que je suis un Fils de Dieu et que je suis donc parfaitement aimé de mon Père. Rien de ce que vous pouvez dire ou faire ne pourra enlever cela.

Supposons donc que ce soit ma position, tandis que je suis assis là et que vous entrez pour m’insulter; je suis alors libre de considérer ce que vous avez fait d’une façon différente. La première lettre de Jean, dans le Nouveau Testament, contient cette belle déclaration: « L’amour parfait bannit la peur. » Jésus la cite plusieurs fois dans le Cours de diverses façons. Cela veut dire que non seulement l’amour parfait bannit la peur, mais qu’il bannit aussi le péché, la culpabilité ou toute forme de souffrance ou de colère. Il serait impossible que quelqu’un rempli de l’Amour de Dieu (et s’identifiant à cet amour) éprouve de la peur, de la colère, de la culpabilité ou cherche à blesser quelqu’un d’autre. Cela n’est pas possible, tout simplement.

Cela signifie qu’au moment où vous essayez de me bles­ser, vous ne croyez pas que vous êtes rempli de l’Amour de Dieu. A cet instant-là vous ne croyez pas que Dieu est votre Zone de Texte: Colère–pardonPère et comme vous êtes dans votre état d’ego, vous vous sentez menacé et coupable. Vous pensez que Dieu essaie de vous attraper. Le seul moyen de faire face à toute cette culpa­bilité est d’attaquer un frère en retour. C’est ce que fait toujours la culpabilité. Donc le fait que vous m’insultiez et que vous m’attaquiez signifie réellement ceci: « Je t’en prie, enseigne-moi que j’ai tort; je t’en prie, enseigne-moi qu’il y a un Dieu Qui m’aime et que je suis Son Enfant. Je t’en prie, montre-moi que l’amour que je pense m’être impossible est vraiment là pour moi. » C’est pourquoi toute attaque est un appel au secours ou un appel à l’amour.

La première section du chapitre 12 du texte, « Le jugement du Saint-Esprit » (T-12.1) l’exprime très clairement. Aux yeux du Saint-Esprit, chaque attaque est un appel à l’aide ou un appel à l’amour, parce si la personne se sentait aimée, elle ne pourrait jamais attaquer. L’attaque indique que la per­sonne ne se sent pas aimée et c’est donc un appel à l’amour. Cela veut dire: « Je t’en prie, montre-moi que j’ai tort, qu’il y a réellement un Dieu Qui m’aime, que je suis Son Enfant et non pas un enfant de l’ego. » Quand je suis assis là, dans mon état d’esprit juste, c’est ce que j’entendrai. Dans l’attaque j’entendrai un appel à l’amour. Et comme à ce moment je m’identifie à l’Amour de Dieu, comment répondre autrement qu’en essayant d’étendre cet Amour?

C’est le Saint-Esprit qui décidera de la forme spécifique par laquelle répondre à l’attaque. Si je suis dans mon état d’esprit juste, je Lui demanderai et Il m’indiquera comment répondre. Ce n’est pas la forme de ma réaction qui importe. Il ne s’agit pas ici d’un cours sur les manières d’agir ou de se comporter, mais d’un cours qui vise à changer notre façon de penser. Comme le dit Un Cours en Miracles: « Ne cherche pas à changer le monde, mais choisis de changer d’esprit au sujet du monde » (T-21.in.1:7). Si notre pensée s’accorde avec le Saint-Esprit, tout ira bien. C’est Saint Augustin qui disait: « Aime et fais ce que tu veux ». Si l’amour est dans notre coeur, tout ce que nous ferons sera bien; s’il n’est pas dans notre coeur, tout ce que nous ferons ira mal. Je n’ai donc pas à être concerné ni à me soucier de ce que je fais quand vous m’attaquez; ce qui m’intéresse c’est de savoir comment je peux rester dans mon état d’esprit juste pour pouvoir deman­der au Saint-Esprit ce que je devrais faire. Je le répète, si je suis dans mon état d’esprit juste, je verrai votre attaque comme un appel à l’aide et non comme une attaque.

L’idée de jugement est extrêmement importante. Encore une fois, selon le Saint-Esprit, il y a seulement deux juge­ments que nous puissions jamais porter sur quelqu’un ou quelque chose dans ce monde: une expression d’amour ou un appel à l’amour. Il n’y a pas d’autre solution possible, ce qui rend la vie en ce monde très simple, une fois que nous pen­sons ainsi. Si quelqu’un m’exprime de l’amour, pourrais-je répondre autrement qu’en répondant par de l’amour? Si un de mes frères ou une de mes soeurs lance un appel à l’amour, puis-je réagir autrement qu’en lui offrant de l’amour? Encore une fois, cela rend la vie en ce monde très simple. Cela veut dire que peu importe ce que nous faisons, peu importe ce que le monde semble nous faire, notre réponse sera toujours l’amour, ce qui rend vraiment tout très simple. Comme le Cours le dit « la complexité vient de l’ego » (T-l5.IV.6:2) alors que la simplicité est de Dieu. Lorsque nous suivons les princi­pes de Dieu, nous ferons toujours tout de la même façon. La section qui est à la fin du chapitre 15 du texte a été écrite la veille du jour de l’an; la résolution que Jésus suggère pour la nouvelle année est « de rendre cette année différente en la ren­dant toute pareille » (T-15.X1.10:11). Si vous considérez tout comme une expression d’amour ou un appel à l’amour, vous réagirez toujours de la même façon: avec amour.

Je pardonne quand je regarde au-delà des ténèbres de ton attaque pour voir à la place un appel à la lumière. C’est la vision du Christ, et le but d’Un Cours en Miracles est de nous aider à réagir à toutes les situations de notre vie, sans excep­tion, avec cette vision. Faire une seule exception, c’est réelle­ment dire qu’il y a une partie de moi que je désire garder enfouie dans les ténèbres de la culpabilité en l’empêchant d’être libérée par la lumière. Cela je le ferai en la projetant sur vous et je verrai alors cette tâche ténébreuse en vous. La vision finale du Cours vient à la toute dernière page du texte où il est dit qu’ »aucune trace de ténèbres ne reste pour cacher à quiconque le visage du Christ » (T-31.VI11.12:5). Alors, tou­tes les ténèbres de la culpabilité en nous seront dé-faites. Alors, nous verrons le visage du Christ qui, soit dit en pas­sant, n’est pas le visage de Jésus. Le visage du Christ est le visage de l’innocence que nous verrons en chacun de nous en ce monde. A ce point-là nous serons parvenus à la vision du Christ, ce que le Cours appelle le monde réel et qui est le but final avant le Ciel.

Cela signifie qu’en ce qui concerne notre vie, il faut consi­dérer tout ce qui nous arrive—depuis notre naissance jusqu’à notre mort, du moment où nous nous réveillons le matin jusqu’au moment où nous nous couchons le soir—comme autant d’occasions que le Saint-Esprit peut utiliser pour nous aider à nous voir sans culpabilité. Nous considérons les autres personnes de notre vie de la façon dont nous nous considérons nous-mêmes. Ainsi les personnes les plus difficiles, celles qui nous donnent le plus de problèmes, nous sont en réalité un grand cadeau parce qu’en guérissant notre relation avec elles, nous guérissons notre relation avec Dieu.

Chaque problème que nous voyons chez autrui et que nous souhaitons exclure de notre vie, est en fait le souhait secret d’exclure de nous-mêmes une partie de notre culpabilité pour ne pas avoir à la lâcher. Voilà ce qu’est l’attraction de la culpabilité pour l’ego. Pour garder notre culpabilité, le mieux est d’aller donner un grand coup sur la tête de quelqu’un. A chaque fois que nous sommes tentés de le faire, le Cours nous dit qu’il y a Quelqu’un avec nous Qui nous touchera douce­ment l’épaule en disant: « Mon frère, choisis à nouveau » (T-31.VIII.3:2). Or le choix sera toujours de pardonner ou de ne pas pardonner. Choisir de pardonner à quelqu’un est la même chose que choisir de se pardonner. Il n’y a aucune diffé­rence entre l’intérieur et l’extérieur; tout est une projection de ce que nous sentons au-dedans. Quand nous ressentons de la culpabilité au-dedans de nous, c’est ce que nous projetons à l’extérieur. Quand nous ressentons l’Amour de Dieu au-dedans de nous, c’est ce que nous étendons à l’extérieur. Chaque per­sonne et chaque circonstance de notre vie nous offre l’occasion de voir ce qui est à l’intérieur du projecteur de notre esprit; elles nous offrent l’occasion de faire un autre choix.

Je trouve cette idée très belle, mais j’ai beaucoup de mal à l’appliquer à des situations concrètes. Je pourrais citer l’exemple où l’on se trouve dans un dilemme qu’on ne peut pas résoudre. Disons par exemple que vous travaillez à un projet scolaire. Vous avez une heure pour le compléter lors­que quelqu’un vient vous déranger. A ce moment-là vous avez le choix d’agir d’une certaine façon ou d’une autre. Sup­posez que la personne vienne vous déranger de nouveau et vous n’avez toujours qu’une heure pour compléter le projet. Dans quelle mesure est-il possible de réagir correctement par une colère bonne tout en restant dans le bon état d’esprit?

C’est une très bonne question. Henri Nouwen, professeur à Yale, disait un jour qu’il était sans cesse interrompu dans son travail jusqu’au moment où il s’est rendu compte que les inter­ruptions étaient son travail. Quelqu’un comme moi qui semble toujours être interrompu devrait y voir une leçon très utile. J’essayerai de vous donner quelques lignes de conduite.

La question dépend réellement de comment vous pensez devoir passer cette heure-là: est-ce que vous pensez que c’est votre propre projet ou celui de Dieu pour vous. Une des possibilités est que ce qui devrait être fait en une heure ne demande réellement pas autant de temps. Peut-être que cela n’a pas besoin d’être fait du tout. Peut-être que la personne qui vous interrompt compte plus que le travail. Peut-être que les deux sont importants. Peut-être que le travail doit être fini mais que cette personne a elle aussi besoin d’une expression de pardon. C’est là où la foi personnelle joue un rôle très important. Tout ce que j’ai dit au sujet du pardon jusqu’à maintenant traite de ce que nous avons à faire. Un Cours en Miracles dit expressément que ce n’est pas nous qui pouvons pardonner mais que c’est le Saint-Esprit Qui peut le faire à travers nous. Quand il vous semble que vous êtes dans la position où, quoi que vous fassiez, tout ira mal, la foi vous dira que ce n’est pas un hasard. Cela fait partie d’une leçon très importante pour vous et pour l’autre personne.

Ce que vous devez faire alors, c’est de rentrer en vous et de prier à votre façon en disant: « Regardez, je veux finir ce projet mais il y a cette personne qui crie à l’aide. Je ne désire pas la considérer comme un fardeau mais comme un frère ou une soeur. Au secours ! » Si votre intention est vraiment de ne blesser personne tout en finissant ce que vous pensez devoir être complété, il se trouvera toujours un moyen ou un autre de le faire.

Voilà ce qu’est le miracle: ce n’est pas quelque chose de magique qui se passe à l’extérieur de nous, c’est quelque chose qui arrive au-dedans de nous et qui permet de résoudre la situation. C’est un principe à suivre chaque fois que vous vous trouvez en face d’une situation qui paraît impossible; lorsque vous êtes sincèrement résolu à ne blesser personne tout en souhaitant compléter la chose que vous êtes sup­posé(e) compléter mais sans savoir comment y arriver. C’est ce qu’il y a de plus honnête à dire parce qu’en nous-mêmes et par nous-mêmes nous ne savons pas que faire, même si nous pensons en être absolument sûrs. Mais il y a Quelqu’un Qui sait à l’intérieur de nous et nous pouvons nous tourner vers Lui. Voilà la vraie réponse à nos problèmes. Et ce sera la réponse à tous nos problèmes.

Que je vous parle maintenant de « Jésus au temple. » C’est une question que l’on pose chaque fois que je parle de la colère, surtout dans un groupe chrétien. Tout le monde con­naît l’épisode de Jésus au temple. Cela s’est probablement passé, sinon ce ne serait pas apparu dans les quatre évangiles. A propos, il y a une façon de trouver si cela s’est passé ou non. Il y a trois évangiles, ceux de Matthieu, de Marc et de Luc qui constituent un groupe. Ensuite il y a celui de Jean, qui est manifestement différent. Quand quelque chose appa­raît dans les quatre évangiles, il y a de bonnes chances pour que ce soit vraiment arrivé. Ce n’est probablement pas tou­jours arrivé comme c’est raconté, mais il y a de grandes chan­ces que ce soit arrivé.

Selon Matthieu, Marc et Luc, la scène a lieu à la fin de la vie de Jésus, juste avant son arrestation. Dans l’évangile de Jean, elle se passe tout au début de son ministère. Jésus est au temple de Jérusalem, l’endroit le plus sacré de la Judée. Les gens réclament un paiement pour toutes sortes de choses; en fait ils se servent du temple à des fins personnelles. Alors Jésus dit: « Vous êtes en train de traiter la maison de mon Père comme un refuge de brigands. » Là il cite Jérémie. Ensuite il renverse les tables où les changeurs d’argent faisaient leur trafic et les chasse du temple. Ajoutons en passant que nulle part dans l’évangile il n’est dit que Jésus est en colère, mais il est décrit comme étant dans un état semblable à la colère. C’est un exemple que les gens utilisent pour montrer ce qu’ils appellent une « juste colère ». Après tout, disent-ils, si Jésus s’est mis en colère, pourquoi est-ce que je ne pourrais pas me mettre en colère ? Une chose intéressante à ce sujet c’est qu’ils oublient tout ce qui montre clairement dans les évangi­les ce que Jésus pense de la colère. Lisez seulement la partie du Sermon sur la montagne où il dit: « Vous avez lu dans la loi que vous ne devriez pas tuer. Je vous le dis, vous ne devriez même pas vous mettre en colère. » Voilà une déclara­tion plutôt claire qui décrit exactement sa façon d’agir à la fin de sa vie, alors qu’apparemment personne n’aurait pu avoir plus de raisons que lui de se mettre en colère. Seulement il ne s’est pas mis en colère.

Il est intéressant de constater comme les gens s’intéressent à un incident en oubliant tout le reste. Je crois cependant qu’il y a trois façons principales d’interpréter cette scène. L’une, c’est que ça ne s’est pas passé du tout de la manière dont c’est décrit. Cela peut certainement sembler une solution facile, mais il y a assez d’évidence dans les recherches contemporai­nes sur l’Ecriture pour démontrer que beaucoup des paroles irritées que l’on a fait sortir de la bouche de Jésus, ne sont pas les siennes mais qu’elles lui ont été attribuées par l’Eglise naissante qui essayait de justifier sa propre position. Jésus est supposé avoir dit: « Je ne viens pas apporter la paix mais le glaive », ce qu’incidemment il réinterprète dans le Cours (T-6 115:2). Le Jerome Biblical Commentaty, ouvrage de recherches catholiques qui fait autorité, demande comment le Prince de la paix pourrait jamais avoir dit cela. Il conclut que cela venait de la nouvelle Eglise et non de Jésus. Alors l’une des possibilités est que cet incident ne s’est pas passé de la façon dont c’est raconté.

Mettons-le de côté pendant un moment; en supposant que les choses se soient passées de cette façon, voici comment je choisirais de le comprendre: Comme tout bon professeur, Jésus savait comment communiquer son point de vue de la façon la plus efficace. C’est là une scène très dramatique, en pleine vue de la foule qui se trouvait à Jérusalem pour la pâque des Juifs, une des trois fêtes les plus importantes de Judée, où tout le monde était supposé venir au temple de Jéru­salem. Comme cela se passait juste avant la pâque, le lieu était bondé. C’était le lieu le plus sacré de la terre pour un Juif, et donc c’est là que Jésus a choisi de montrer bien visiblement comment il fallait traiter le temple de son Père. Une façon d’interpréter cette scène, c’est qu’il n’était pas lui-même en colère, mais qu’il essayait de démontrer quelque chose de la façon la plus dramatique et la plus convaincante possible.

Quand nous parlons de colère, il y a trois choses importan­tes à dire: la première, c’est que la personne en colère n’est pas en paix. Personne ne pourrait soutenir qu’on est en paix quand on est en colère. Ces deux états s’excluent l’un l’autre. La seconde chose à dire, c’est que pendant qu’on est en colère, Dieu est bien loin de l’esprit. Vous ne pensez pas à Dieu, vous pensez à ce que vous a fait cette horrible per­sonne. La troisième chose est au sujet de la personne contre qui vous êtes en colère: vous ne la voyez pas comme un frère ou une soeur. Il est évident que vous voyez cette personne comme votre ennemi sinon vous ne l’attaqueriez pas.

Alors personnellement je trouve qu’il est difficile de croire qu’à ce stade-là de sa vie, Jésus pourrait avoir trouvé quelque chose au monde qui puisse lui enlever sa paix, lui faire oublier son Père ou lui donner des raisons de ne pas con­sidérer quelqu’un au monde comme un frère ou une soeur. C’est pourquoi je pense que la réaction de Jésus au temple n’était pas un geste de colère comme nous pourrions en avoir mais une démonstration énergique et une leçon pour faire comprendre ce qu’il voulait dire. Les évangiles multiplient les exemples où Jésus enseigne d’une certaine façon aux mul­titudes, mais d’une façon complètement différente à ses apô­tres et d’une autre façon encore aux apôtres avec qui il était le plus intime—Jean, Jacques ou Pierre. Il y a différents niveaux d’enseignement comme le sait tout professeur. Le temple était un lieu public où il a essayé d’attirer l’attention des gens afin de démontrer une leçon. Il n’était donc pas lui-même en colère contre les gens qu’il chassait.

Il y une troisième explication: c’est de dire que Jésus a eu une crise d’ego. Il en a eu plus qu’assez, il s’est impatienté, il s’est mis en colère et il a commencé à crier et à vitupérer.

Personnellement je ne pense pas que ce soit possible au point où il en était de sa vie. Mais si vous me dites que c’est ce qu’il a fait, il resterait à savoir pourquoi vous voudriez vous identifier à son ego plutôt qu’avec le Christ en lui et toutes les autres choses qu’il a dites, enseignées ou démontrées par son exemple.

Les trois explications sont donc les suivantes:

(1) cela ne s’est pas du tout passé de cette façon,

(2) il était tout bonne­ment en train d’enseigner une leçon à un niveau différent mais n’était pas en colère ou

(3) simplement il passait par une crise d’ego; alors pourquoi vouloir s’identifier à lui alors qu’il y a de bien meilleures façons de résoudre le problème ?

Pourquoi la colère joue-t-elle un rôle thérapeutique telle­ment important en psychothérapie qu’il faille la résoudre d’une façon ou d’une autre ?

La plus grande partie de la psychothérapie vient de l’ego. Il est dommage que la psychologie des vingt ou trente derniè­res années ait découvert la colère et en ait fait une idole.

Laissez-moi vous parler un peu de la colère, laquelle est l’un des grands problèmes du monde. L’opuscule sur la Psychothérapie considère que le problème de la psychothé­rapie est vraiment celui de la colère. C’est que cette colère est la façon la plus efficace de se défendre contre la culpabilité. La colère nous fige à l’extérieur de nous-mêmes.

Il est intéressant de penser à la colère en fonction de son histoire à travers tout ce siècle, surtout de la façon dont les psychologues l’ont vue. Cela explique pourquoi les gens la voient ainsi. Pendant les cinquante premières années de ce siècle, la psychologie a été dominée par Freud et la psychana­lyse. Il est toujours utile, quand on lit Freud et qu’on voit l’influence qu’il a eue, de se rappeler qu’il a fait tout son tra­vail dans une atmosphère très victorienne. Vienne, au début du siècle, était fortement influencée par les valeurs victorien­nes et Freud était vraiment un enfant de son siècle. Cela veut dire qu’il avait des préjugés, la peur d’avoir des sentiments et par conséquent de les exprimer. Le fait intéressant c’est que toute sa théorie vise à nous libérer de la répression, et pour­tant sa propre attitude, qu’il a communiquée par ses théories, est que nous ne devrions pas exprimer nos sentiments. Nous pouvons les analyser, les sublimer ou les déplacer, mais nous ne devrions pas les exprimer. Concentrons-nous ici sur la seule émotion de colère.

Le sentiment qui dominait en psychologie et en psycho­thérapie était d’enseigner aux gens à analyser leurs senti­ments, ou à les sublimer, ou de les déplacer sur d’autres choses, mais surtout pas de les exprimer. C’était certainement aussi une valeur chrétienne prédominante. Un « vrai » chrétien offre l’autre joue, ce qui veut dire qu’on est giflé deux fois selon la façon dont cela a été enseigné et compris. (Ce n’est pas ainsi que Jésus le signifiait, à propos: le fait d’être une victime qui souffre en son nom.) Tout cela a été renforcé par l’idée que la colère était quelque chose à craindre. Elle était considérée comme une chose épouvantable à repousser et à réprimer en soi. Après la seconde guerre mondiale, il y a eu une révolution en psychologie. Soudain les gens ont décou­vert qu’ils avaient des sentiments. Il en est sorti tout le mouvement des groupes T, des groupes de sensibilité, des exercices de sensibilité, des ateliers relationnels, des séances marathon etc. Les gens devinrent donc habiles à briser les défenses contre la colère et à faire l’expérience de leurs senti­ments et de leurs émotions, en particulier celle de la colère.

Le pendule balança d’un extrême à l’autre. Au lieu d’apprendre aux gens à réprimer la colère et à l’analyser, le critère de la santé mentale est alors devenu la capacité d’éventer ses sentiments. Les gens sont devenus très habiles à exprimer leurs sentiments. Deux options ont alors été propo­sées, l’une pour réprimer sa colère, l’autre pour l’exprimer. Si nous réprimons constamment notre colère, nous allons avoir des ulcères ou des problèmes gastro-intestinaux. D’autre part, si nous exprimons toujours notre colère, nous allons faire exactement ce dont j’ai parlé plus tôt: nous allons tout sim­plement renforcer la culpabilité qui se trouve derrière la colère. Alors il ne semble pas y avoir d’issue.

Pour comprendre le problème il faut voir la prémisse qui se trouve derrière ces deux options; et, chose intéressante, c’est la même prémisse. Les solutions semblent être complè­tement différentes — l’une est la répression et l’autre est l’expression — et pourtant la prémisse est la même dans les deux cas. C’est réellement jouer à pile ou face avec la même pièce de monnaie. La prémisse est que la colère est une émo­tion fondamentalement humaine qui est inhérente à l’espèce humaine. Donc, quand on discute de la colère, il faut presque la décrire comme si c’était une masse d’énergie quantifiable.

Il y a quelque chose d’inhérent en nous, la colère, qui nous rend humains et dont nous devons faire quelque chose. Si nous la repoussons en nous et que nous la gardons à l’inté­rieur, elle ressortira sous forme d’ulcères. Si, au contraire, nous expulsons cette masse d’énergie de notre système, nous aurons l’impression d’être soulagés du fardeau terrible qu’est la colère et de nous sentir mieux. Mais la vraie raison pour laquelle nous nous sentons tellement bien quand nous expri­mons notre colère n’a rien à voir avec le fait d’éventer la colère. Ce qui se produit apparemment c’est que pour la pre­mière fois nous croyons nous être finalement débarrassés de notre culpabilité.

L’émotion humaine fondamentale alors n’est pas la colère, c’est la culpabilité. Cette erreur de raisonnement est à la base de toutes les façons de considérer la colère. Un Cours en Miracles a une très belle section intitulée « Les deux émo­tions » (T-13.V) où il dit que nous n’avons que deux émo­tions. L’une nous est donnée, nous avons fabriqué l’autre. Celle qui nous a été donnée est l’amour; c’est Dieu Qui nous l’a donnée. Celle que nous avons fabriquée comme substitut à l’amour est la peur. Une fois de plus, nous pouvons substituer la culpabilité à la peur.

L’émotion humaine fondamentale, émotion fondamentale de l’ego, est la culpabilité ou la peur. Ce n’est pas la colère. La colère est une projection de culpabilité et n’est jamais le problème. Le vrai problème est toujours la culpabilité sous-jacente. La raison pour laquelle nous nous sentons si bien quand nous avons éventé notre colère contre quelqu’un c’est qu’à cet instant-là nous croyons nous être finalement débar­rassés de notre culpabilité. Le problème surgit le lendemain ou quelques jours plus tard quand nous nous levons en nous sentant mal. Nous éprouvons alors la gueule de bois psycho­logique connue sous le nom de dépression. Nous ne savons pas d’où vient cette dépression. Nous la mettons sur le compte de toutes sortes de choses. Nous ne nous rendons pas compte que la vraie raison de notre dépression est que nous nous sentons coupables de ce que nous avons fait à une autre personne. Chaque fois que nous nous mettons en colère ou que nous attaquons quelqu’un, nous nous sentirons coupables plus tard. Les gens parlent de la dépression comme d’une rage rentrée. Sur un certain plan c’est vrai, mais sous la rage se trouve la culpabilité. La vraie signification de la dépres­sion est la culpabilité ou la haine de soi.

Maintenant que je vous ai dit toutes ces choses affreuses au sujet de la colère, laissez-moi vous dire qu’il y a une seule circonstance où l’expression de la colère est positive, et c’est sur quoi portait la question. C’est de considérer la colère d’un point de vue thérapeutique. Si on vous a enseigné toute votre vie que la colère est mauvaise, ce qui est probablement le cas pour tout le monde ici, on vous a en fait enseigné que la colère est à craindre. Nous croyons que si nous exprimons notre colère, quelque chose de terrible va arriver à l’autre per­sonne; ou encore pire, que cela peut nous arriver. Il peut donc être thérapeutiquement très utile, en tant que partie du proces­sus qui vise à délivrer complètement de la colère et de la cul­pabilité, de passer par une période où nous exprimons la colère pour nous rendre compte que ce n’est pas grand chose. Nous pouvons nous emporter contre les gens sans qu’ils tom­bent morts à nos pieds. Nous pouvons être en colère contre quelqu’un sans que Dieu nous frappe à mort à cause de l’hor­rible chose que nous avons faite. En fait rien de terrible n’arri­vera. Ce n’est pas grand chose. A ce stade-là nous pouvons regarder la colère plus objectivement et reconnaître que le problème n’est pas la colère du tout. Le vrai problème est que la colère que nous dirigeons contre nous est la culpabilité.

Le danger est de ne pas considérer cela comme un stade à passer. L’enseignement récent des psychologues nous le fera voir comme une fin. Alors c’est vénérer la colère comme une idole parce qu’il est si bon de s’emporter et de faire éclater sa colère contre une autre personne. La psychologie ne nous enseignera jamais (parce que c’est un système très séculaire) que le vrai problème est la culpabilité et que la culpabilité est une défense contre Dieu. Ce qui arrive alors c’est que l’expres­sion de colère devient un but et qu’elle fait se sentir tellement bien qu’on n’a aucun désir de l’abandonner. Cependant notre but devrait être en réalité d’entrer en contact avec notre cul­pabilité sous-jacente et de la traiter. Le besoin d’exprimer sa colère ne doit être qu’un stade à dépasser complètement.

Alors, quand nous passons par une période où nous sentons le besoin de nous mettre en colère, nous devrions considérer cela comme un stade temporaire et nous efforcer de voir que la colère n’est pas grand chose en soi. Quand nous pourrons réellement traiter le vrai problème, qui est la culpabilité, et le lâcher, nous n’aurons jamais plus besoin de nous mettre en colère.

Q : Une chose que j’ai retenue en écoutant Krishnamurti, c’est qu’il suggérait la possibilité d’un changement immédiat.

R : Un Cours en Miracles dit la même chose. Il dit que tout cela pourrait finir en un instant. Mais il y a d’autres endroits où il dit que ce processus prendra du temps et qu’il nous faut être patient. Juste au commencement du texte, il y a une phrase qui, j’en suis sûr, a fait bondir beaucoup, beaucoup de gens. C’est au sujet du Jugement Dernier, lequel est vraiment le processus collectif de dé-faire l’ego ou l’accomplissement du Rachat. Je cite: « De même que la séparation s’est produite pendant des millions d’années, le Jugement Dernier s’étendra sur une période aussi longue, peut-être même plus longue » (T-2.VIII.2:5). Juste après, cependant, il est dit que les mira­cles peuvent écouter considérablement ce temps. Mais cela ne va vraisemblablement pas se produire d’un jour à l’autre. Si vous pensez seulement à la façon dont est composé notre monde, il y a une quantité formidable de peur sous-jacente qui motive chacun de ses aspects. Toutes les institutions, tous les systèmes de pensée à l’intérieur de ce monde sont motivés par la peur et la culpabilité. Vous ne pouvez pas les changer tout de suite. Je pense que le plan du Rachat et le rôle qu’y joue le Cours sont de changer l’esprit des individus plus rapi­dement que cela prendrait autrement. Voilà ce qu’est l’« accé­lération céleste »; toutefois elle se place dans le contexte d’un laps de temps considérable.

La signification des miracles

Je devrais dire quelque chose des miracles, puisque c’est le titre du livre. C’est un autre mot dont la signification dif­fère du sens habituel. Un Cours en Miracles emploie le mot « miracle » pour signifier simplement une correction, le pro­cessus qui dé-fait la perception fausse. C’est un changement de perception, c’est le pardon, c’est le moyen de guérir. Tous ces expressions sont pratiquement les mêmes. Le miracle n’a rien à voir avec quelque chose d’extérieur. Le miracle appelé ainsi pour quelque chose d’extérieur, comme le fait de mar­cher sur les eaux ou de guérir de façon extérieure, est simple­ment le reflet du miracle intérieur. Le miracle est un changement intérieur. L’une des plus belles définitions du miracle dans le Cours est la suivante: « L’endroit le plus saint de la terre est celui où une haine ancienne est devenue un amour présent » (T-26.IX.6:1). C’est ça le miracle. Le miracle c’est passer d’une perception de haine envers une personne à une perception d’amour pour la même personne. C’est chan­ger de perception; c’est corriger la façon de voir de l’ego par celle du Saint-Esprit.

Voilà pourquoi il s’appel Un cours en miracles; il nous dit comment procéder. Il nous dit comment changer d’esprit. Encore une fois, nous ne changeons pas le monde, nous chan­geons d’esprit au sujet du monde. Nous n’essayons pas de changer autrui, nous changeons la façon dont nous considé­rons autrui. Le Saint-Esprit travaillera à travers nous pour que nous fassions ce qu’Il pense être préférable. C’est un change­ment d’esprit qui comprend un décalage dans la perception. Voilà ce qu’est le miracle, et c’est l’objectif du Cours.

Maintenant que je parle un peu du rôle de Dieu et du Saint-Esprit dans tout cela. L’une des plus grandes qualités d’Un Cours en Miracles c’est que c’est un livre religieux. Ce n’est pas simplement une méthode d’instruction personnelle, ni un bon système de psychologie, ce qu’il est de toutes façons. C’est aussi un livre profondément religieux. Ses aspects religieux soulignent deux aspects. Le premier est que sans Dieu, il ne nous reste rien que l’ego. A moins de savoir qu’il y a un Dieu Qui nous a créés et Dont nous sommes le Fils, nous sommes réduits à l’image ou à la perception que nous avons de nous et qui est toujours une ramification de l’ego. Le vrai pardon est impossible à moins de nous nourrir de la conviction que nous sommes invulnérables. En d’autres mots, rien ni personne au monde ne peut nous blesser; nous ne pourrons nous en convaincre qu’en sachant qu’il y a un Dieu Qui nous a créés et Qui nous aime. C’est le fondement de tout le système de pensée que le Saint-Esprit nous offre et que le Cours nous présente.

Le second aspect de l’importance de Dieu dans tout cela est plus concret. Le vrai pardon est impossible sans le Saint‑Esprit. Cela est vrai de deux points de vue. D’abord, ce n’est pas nous qui pardonnons. Ce n’est pas nous qui dé-faisons la culpabilité. Au sens strict, quand Un Cours en Miracles parle de pardon, il parle réellement de notre décision de laisser le pardon du Saint-Esprit venir à travers nous. Par nous-mêmes et de nous-mêmes nous ne pourrons jamais pardonner parce que par nous-mêmes et de nous-mêmes, au moins dans ce monde, nous sommes l’ego. Nous ne pouvons changer un système de pensée de l’intérieur de ce système de pensée. Nous avons besoin d’une aide extérieure au système de pen­sée, d’une aide qui entre dans le système de pensée et qui le transforme. Cette aide extérieure au système de pensée est le Saint-Esprit. Aussi est-ce Lui qui pardonne à travers nous.

Cette seconde chose est encore plus importante et répon­dra à bon nombre de questions. Le pardon est la chose la plus difficile au monde; c’est pourquoi il n’y a guère personne qui le pratique et c’est pourquoi aussi tout le concept de pardon que Jésus a présenté a été si mal compris même depuis le début. La raison en est que, quand nous pardonnons vraiment de la façon dont parle le Cours, nous lâchons réellement prise de notre propre culpabilité. Celui qui s’identifie à l’ego ne veut pas faire cela. Sans l’aide de Dieu nous ne pourrons jamais surmonter certains problèmes de culpabilité profonde qui nous confronteront.

Si vous pensez au temps comme à un processus continu, c’est l’image du tapis qui l’illustrera le mieux.


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Cette page, mise en ligne le 15-10-2008, a été consultée par 805 visiteurs
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