QUAND "JE" EST VENUE.....
J’ai toujours eu des souvenirs de moi enfant, datant de la période « avant-de-pourvoir-parler ». Un jour, à 13-14 ans le soir dans mon lit, je me suis amusée à remonter mes souvenirs dans le temps, jusqu’au souvenir le plus ancien possible. Je me souvenais bébé, mais je n’arrivai pas à remonter plus loin, il y avait une "barrière du souvenir" que je ne parvenais pas à franchir, et je me suis dit : c'est bizarre, pourquoi je ne me souviens pas de ma naissance ? C'est le moment le plus important de la vie. Plus j'y pensai, et plus je me disais : ce n'est pas normal, il n'y a aucune raison que je me rappelle de tout, Sauf de Cela. J'étais intimement Convaincue que l’information était là, quelque part dans ma mémoire. C’était décidé, j’allais m’en rappeler...........Je fouille et cherche à reculer cette barrière……je SAIS que l’information est là…….je persiste dans l’effort pendant un certain temps, qui me semble long…..je perds la notion du temps…….je change d’état de conscience……:
« C’est le soir, une chaude soirée d’été. Ma mère est assise sur une chaise sur le balcon. J’entends les voix de mes grands parents et de mon père. Ils discutent. Je les vois. Je vois la scène. Je suis dans le ventre et je suis en-dehors. Je suis illimitée. Je sens la sollicitude de ma grand-mère, elle propose un châle à sa fille. Aujourd'hui, il y a comme un air de fête. Il va y avoir un feu d'artifice. Les premières fusées tonnent, et soudain, une Voix très puissante en moi dis : C'est le moment de venir !
Confusion, brouillard, agitation, douleur, puissance impérieuse qui me projette en avant, je lutte, je ne sais plus très bien aujourd’hui si je fais un avec ce corps physique qui souffre, c’est avant tout animal…..mémoire animale.
Et puis, agression lumineuse, des voix, comme avant. On me tient, on m’enveloppe. Maman, je veux Maman ! Tant de lumière, que c’est fascinant. Je vois la grande salle d’accouchement. Ils m’enlèvent à ma mère. Mais pourquoi elle ne dit rien ? Elle ne vas pas laisser faire cela, ce n’est pas possible…Je sens qu’elle n’ose pas protester, elle les laisse faire, et j’en suis si désolée...
On m’emmène dans la pièce à côté, bien plus petite, on me couche sur la table..... Ils disent : « on va d’abord la laver ». Moi, je ne veux pas être lavée ! Pourquoi on m’enlève de Maman, pourquoi on ne me laisse pas ……je suis si tranquille, si paisible, et je les sens si agités…… je me souviens vaguement du bain, je ne vois pas la scène à ce moment là parce que je suis dans le corps.
Après, sur la table, ils disent : « on va lui couper le cordon ». Cà, c’est le médecin qui le dit, je m’en souviens très bien. J’ai peur de lui. Moi, je ne veux pas qu’ils me coupent le cordon. Ils vont me faire mal. Je m'approche d'eux, je leur parle, mais ils ne me voient pas, ils ne m'entendent pas ! Je suis affolée, comment faire pour communiquer avec eux ? je prend conscience du fait que je ne peux pas communiquer avec eux ! Cela me désespère au plus haut point. Et le moment approche, je les sens préparer leurs affaires. Je crie, je crie de toutes mes forces. Non ! ils n'ont aucune pitié de moi. Pas d'amour ! il n'y a pas d'amour ici.....une infirmière me parle, elle m'aime, elle......c'est la seule, mon seul contact...J'espère qu’elle au moins va me comprendre, me sauver. Mais non.
Douleur déchirante au milieu du corps. Je hurle, je ne suis plus que douleur. Je perds connaissance, bascule dans le néant, épuisée je m’endors. »
Cette naissance, si je peux la décrire aujourd’hui, ce n’est pas parce que je m’en suis souvenue, non, "JE" l'ai REVECUE…..
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