Je veux te dire… les cœurs ressentent des émotions complexes et contradictoires qu’il ne faut pas juger. Il y a tant de ressentis différents et tout cela vient de si loin. Tu écris ainsi. Tu explores, expérimentes, me cherches à travers ces signes et ces lignes qui se controversent et convergent l’une vers l’autre. Comment te dire le regret qui est le mien de ne pas avoir été celui que j’étais venu être ? J’ai loupé le coche car il y avait des murs trop hauts à gravir. Comment te dire la prison dans laquelle je suis arrivé et qui m’a contraint à me tenir coi. Comment te dire ces serments que je me suis fait à moi-même d’être irréprochable en toute chose et que je n’ai pu évidemment tenir ? Comment te dire cet enfant que j’étais ? Trop limpide. Je te vois te « susprendre » sur ce mot. Te surprendre ? Etre surprise, douter d’avoir bien compris. Oui, j’étais limpide, limpide dans mes convictions, mes certitudes, mon éducation ; les limpides mots lapidaires que j’entendais de mes pères, de mes oncles, de mes maîtres. Trop de limpidité tue l’essence de l’être. Où était mon âme pendant ce temps ? Quel chemin parcourait-elle ? Qu’attendait-elle de moi, de mon ego, de mon devenir ? Je ne sais. Je suis elle désormais et je suis elle qui se nettoie, se guérit, se purifie. Si tu savais… je t’aime, ma chérie, je sais que jamais je n’aurais pu ni su te le dire de mon vivant et que, ce faisant, ce faisant ne se faisant pas, tu n’aurais pu le recevoir sans te sentir encombrée, envahie. Je cherche à te dire des choses, à te rendre ce que je n’ai su te donner. Il y a de la souffrance chez les enfants, de la solitude dans les fratries, des malentendus, des névroses, beaucoup de choses compliquées. Tu cherches à comprendre, à réparer, à survivre à l’indicible blessure. Je veux te dire des choses et je profite de la rapidité, de la dextérité de ton rythme, de ton écriture désincarnée, certes, virtuelle mais vive. Vivre vive… Je voudrais te dire, te demander de te connecter plus souvent, d’oser le faire, de ne pas le craindre. Ainsi, tu apprendras plus et plus vite. Tu suis le fil de tes intuitions, ton regard ici devient flou, les mots seuls s’écrivent, ta pensée s’éloigne, tant mieux et la musique, comme une ritournelle obsédante revient et revient encore. Il faut le faire, le dire, l’affirmer. Dieu est grand. Dieux EST. Point à la ligne. Je suis là, nous sommes là, présents dans le monde virtuel certes mais dans le monde, « votre monde ». Je te cherche, te trouve et te remercie. Mes enfants chéris, je vous aime. Je vous laisse, je retourne, je m’en reviendrai. Je te salue, Enfant de mon cœur.