Aujourd'hui en Chine, il existe encore plus de mille laogai, ces camps de "rééducation par le travail". Près de quatre millions de personnes, parfois arrêtées sur de simples soupçons – opposants politiques, dissidents, petits délinquants ou militants tibétains –, y seraient emprisonnées, sans procès ni assistance juridique. Les laogai sont en réalité des usines immenses qui génèrent un profit considérable pour la République populaire. On y retrouve des ateliers de fabrication, des mines ou des plantations, dont la production est destinée principalement au marché étranger : ces produits made in China se retrouvent à bas prix dans nos supermarchés.
Des "hommes nouveaux"
Le réalisateur Hartmut Idzko revient sur l’histoire dramatique des laogai. Il a pu recueillir des témoignages édifiants de militants ou d’anciens détenus vivant aujourd’hui en exil : l’écrivain Liao Yiwu, arrêté après les manifestations de la place Tian'anmen, le dissident Harry Wu, emprisonné durant vingt ans pour ses positions "contre-révolutionnaires", la Tibétaine Ama Adhe, et même un ancien prisonnier américain. Tous racontent les violences, les tortures et le conditionnement politique destiné à former des "hommes nouveaux". Ils évoquent aussi les exécutions sommaires et le vaste trafic d’organes qui existent dans les laogai. À ces témoignages s’ajoutent les archives personnelles de Harry Wu, retourné filmer clandestinement sur les lieux de sa détention. Un document accablant, qui lève le voile sur les crimes d’État commis par la République populaire de Chine, et qui interroge la position ambiguë des pays occidentaux, ses premiers partenaires commerciaux.