GAZ DE SCHISTE :
C'est dans une certaine discrétion complice que la course aux gaz de
schistes vient de commencer en France.
Total vient d'obtenir un permis d'exploration dans la région de Montélimar.
Des permis de recherche ont été confiés au pétrolier français Total,
associé au géant Texan Schuepbach (allié à GDF-Suez) pour un total de 9700 kilomètres.
"Une image valant 1000 mots .."
un film amateur, répartie en 7 vidéos de 15 min.
http://www.dailymotion.com/playlist/x1in97_LesInsoumis_gasland#videoId=xg7g0q Les gaz de schistes connaissent présentement un essor extraordinaire aux
États-Unis. En Europe, les compagnies pétrolières commencent à
s'intéresser sérieusement à cette ressource de gaz non conventionnels.
Leur exploitation causant une dégradation environnementale
incommensurable, les écologistes et environnementalistes sont en alerte.
Gaz de schistes : kézako ?
C'est un gaz naturel dont le berceau se situe dans des roches mères
organiques, comme les schistes noirs à grain fin. Les prémices de la
formation d'un gaz naturel sont la photosynthèse, processus selon lequel
les végétaux utilisent l'énergie solaire pour transformer le dioxyde de
carbone et l'eau en oxygène et en hydrates de carbone. Au fil de la
genèse et de la surcharge sédimentaire, ces hydrates de carbones générés
par l'enfouissement des végétaux et de leurs résidus ingérés par les
formes animales, se transforment en hydrocarbures sous l'effet de la
chaleur induite par la pression. Cette quasi-percolation incite une
majeure partie du gaz naturel à migrer des roches mères vers des roches
plus poreuses tels le grès et le calcaire. On nomme « gaz de schistes »
ceux demeurant dans des roches sédimentaires argileuses très compactes
et très imperméables, tels les schistes, et qui renferment au moins 5 à
10 % de matière organique.
Une autre théorie presque oiseuse et dite inorganique avance l'hypothèse
que les hydrocarbures ne sont pas issus de matières vivantes enfouies,
mais auraient été emprisonnés dans la Terre lors de sa formation.
La révélation de tels gisements exploitables représente, pour la société
énergivore d'un nouvel âge que l'on qualifie d'oléocène, une manne
considérable : du gaz dans le sous-sol d'un bout à l'autre de la
planète,**des milliers de milliards de mètres cubes en Europe, sept fois
plus en Amérique du Nord et encore davantage en Asie et censément en
quantité astronomique en Australie... Des décennies de gaspillage
énergétique sont enfin possibles sans recours aux énergies alternatives
et renouvelables, de quoi nous combler, nous enchanter !
Une solution écologiquement finale
Ces types de gaz sont dits non conventionnels parce qu'ils ne peuvent
pas être exploités avec les modes de production classiques. Ils sont
aujourd'hui produits en grande quantité aux États-Unis où ils
représentent déjà plus de 10 % de la production gazière contre seulement
1 % en 2000. En Amérique du Nord, où tout ce qui est exploitable est
exploité sur un mode minier et sans vergogne, l'engouement pour cette
nouvelle providence a été favorisé par une réglementation
environnementale moins contraignante, un droit de propriété privé étendu
au sous-sol, le faible coût des forages associé aux avancées
technologiques, le tout boosté par des incitations fiscales.
Une telle exploitation ravageuse n'est rendue possible que grâce à la
technique de fracturation hydraulique des roches, ainsi qu'à une récente
amélioration des méthodes d'extraction, en particulier par forage
horizontal. Les gaz de schistes étant dispersés dans la roche
imperméable, il est donc nécessaire de forer d'innombrables puits en
fracturant la roche. Chaque puits exploitable ne l'est que brièvement,
un suivant doit donc être foré quelques centaines de mètres plus loin,
et ainsi de suite... À deux ou trois mille mètres de profondeur, la
réunion des micro-poches à l'aide d'un explosif détonné pour chacune des
brèches occasionne un véritable séisme. La fracturation se fait par un
mélange d'eau en grande quantité, de sable et de redoutables produits chimiques plus de 500 !!..sont propulsés à très haute pression (600 bars), méthode qui génèr
e la remontée du gaz à la surface avec une partie du redoutable /liquide de fracturation/. Chaque « /frack » /nécessite quasiment 15 000 mètres cube d'eau (soit 7 à 15 millions de litres), un puits pouvant être
fracturé jusqu'à 14 fois.
L'impact environnemental n'est donc pas neutre.
Selon un rapport réalisé l'an dernier par l'EPA (Agence de protection de
l'environnement américaine)
, l'activité du gisement de Barnett Shale, dans le nord du Texas, pollue plus que le tout le trafic automobile de cette ville de 725 000 habitants. Sous la ville de Fort Worth, des milliards de mètre cubes de gaz sont extraits chaque mois des couches profondes de roches de schistes, et des torrents de gaz sont drainés par des milliers de camions. Et si les habitants retrouvent même la présence du gaz à la sortie de leurs robinets, c'est que l'eau achemine des traces de produits chimiques injectés dans les puits.
Du seul point de vue paysagé, par exemple dans le Colorado, à Garfield County, le désert est désormais hérissé tous les 200 mètres de puits de gaz de schiste.
Sur le continent européen, les bassins les plus intéressants sont situés
en Europe du Nord et de l'Est et plus au sud, notamment en France dans
le bassin du Sud-est. Le consortium Gash, auquel participe IFP Energies
nouvelles, s'applique à établir une cartographie de ce type de
ressources. Total vient d'obtenir un permis d'exploration dans la région
de Montélimar. Des permis ont aussi été pris en Suède par Shell, en
Allemagne par Exxon Mobil, en Pologne par presque tous les majors, ainsi
qu'en Lituanie. Il faut noter que l'impact sur l'environnement ne sera
pas du même ordre dans la petite et vieille Europe qu'aux États-Unis qui
possèdent d'immenses espaces inoccupés. Le sujet prête donc ici
davantage à débat sachant qu'il sera illusoire d'imposer des techniques
d'exploitations rationnelles et respectueuses de l'environnement.
Des permis de recherche ont été confiés au pétrolier français Total,
associé au géant Texan Schuepbach (allié à GDF-Suez) pour un total de 9700 kilomètres
carrés dans les régions de Montélimar, Nant et Villeneuve de Berg, soit
une gigantesque et double cicatrice depuis Montpellier et Montélimar
jusqu'aux confins du Parc naturel des Cévennes.
Un permis de recherche est un euphémisme implicite qui signifie permis d'exploiter. Et le Larzac (et José Bové...) de ressortir la hache de guerre... Dans
quelques mois, Total, GDF-Suez et Schuepbach Energy vont y creuser pour
évaluer la rentabilité d'exploitation des milliards de mètres cubes de
gaz qui doivent s'y cacher.
La technique de la fracturation hydraulique va à l'encontre de certains
engagements arrêtés par le Ministère de l'Écologie qui a pourtant signé
l'attribution des permis. Le Grenelle doit, par exemple, protéger les
sources d'eau potables et les écosystèmes sensibles. Le Grenelle doit
aussi réduire la gestion des émissions de gaz à effet de serre. La
région choisie étant frappée d'une sécheresse endémique, tout
particulièrement en Ardèche et en Drôme, les quantités d'eau à mobiliser
sont incompatibles avec le principe de préservation des ressources
aquifères énoncé à l'article 27 du même Grenelle.
Je vous cite le commentaire d'un signataire de la pétition :
http://www.petitions24.net/gaz_de_schiste__non_merci